Le candidat démocrate à la présidentielle américaine, Barack Obama, a rencontré lundi les responsables irakiens, et le gouvernement de Bagdad a assuré qu'il avait salué les progrés réalisés en Irak.

M. Obama, en tête dans les sondages pour l'élection de novembre, était arrivé dans la matinée à l'aéroport de Bassorah, la grande ville pétrolière du sud de l'Irak, en provenance du Koweït et de l'Afghanistan.

Il doit quitter l'Irak mardi pour la Jordanie, où il va rencontrer le roi Abdallah II.

M. Obama prône un retrait dans les deux ans du contingent américain, au moment où la question du départ des quelque 145 000 soldats américains déployés en Irak fait l'objet d'une négociation ardue entre Bagdad et Washington.

La Maison-Blanche a indiqué lundi qu'un accord à ce sujet ne serait pas signé comme prévu, au 31 juillet, mais qu'il n'était pas question de déterminer une date-butoir pour le retrait des troupes américaines. Elle a ajouté qu'une «date souhaitable» pouvait être envisagée.

M. Obama a eu un entretien à Bagdad avec le président Jalal Talabani, après avoir été reçu par le premier ministre Nouri al-Maliki.

«L'Irak a su surmonter des défis sécuritaires (...). Il a remporté la victoire contre Al-Qaeda et les milices, et va maintenant réussir dans le domaine économique», lui a soutenu M. Maliki, selon un commniqué de son bureau.

«Je vous congratule pour les progrès réalisés par votre gouvernement et nous sommes fiers des relations entre les États-Unis et l'Irak», a assuré M. Obama, selon ce communiqué, qui rapportait ses propos.

«Je soutiens, et je m'engage à préserver, les progrès que le gouvernement a réalisés sous votre conduite», a ajouté le sénateur, selon ce communiqué.

Il s'agit de la deuxième visite en Irak de M. Obama, 46 ans, après un rapide passage en janvier 2006, et il est accompagné de deux autres sénateurs, Chuck Hagel et Jack Reed.

Elle intervient alors que la violence dans le pays est à son plus bas niveau depuis le début en mars 2003 de l'intervention conduite par les États-Unis, à laquelle le sénateur américain s'était opposé.

M. Obama, dont la crédibilité dans le domaine international est attaquée par son adversaire républicain John McCain, a rencontré à Bassorah le Général Lloyd Austin, commandant adjoint des troupes américaines en Irak.

Il doit également s'entretenir avec le chef des troupes de la coalition, le général David Petraeus, crédité pour la stratégie de «sursaut», avec l'envoi de renforts, qui a ramené un calme relatif en Irak en 2007.

«Dès mon premier jour comme président, je donnerai aux militaires une nouvelle mission : mettre fin à la guerre», a annoncé la semaine dernière M. Obama dans un éditorial au New York Times et dans un discours à Washington.

«Nous pouvons sans danger redéployer nos unités de combat à un rythme qui leur permettra de se retirer en 16 mois. Cela sera l'été 2010 -- deux ans à partir de maintenant», a-t-il poursuivi.

Quelque 145 000 soldats américains sont encore déployés en Irak, où plus de 4.100 ont été tués depuis mars 2003.

Une première étape l'avait conduit samedi en Afghanistan, qu'il considère comme «le front de la guerre contre le terrorisme» et où il préconise l'envoi immédiat de renforts.

John McCain a espéré lundi que son rival reconnaîtrait qu'il avait tort sur l'Irak après sa visite.

«J'espère qu'il aura l'occasion d'admettre qu'il s'est gravement mépris sur la situation et qu'il avait tort quand il a dit que la stratégie des renforts ne fonctionnerait pas», a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

A Bagdad, la population irakienne doute toutefois que l'élection de M. Obama change leur destin.

«La politique américaine ne va pas changer avec le changement de président américain», a assuré Abou Ali, 43 ans, vendeur de cigarettes dans l'immense quartier chiite de Sadr City.

«Les chefs militaires suivent leur propres plans et politiques, et je ne crois pas que le président américain puisse changer leurs décisions», a-t-il poursuivi.

Après la Jordanie, M. Obama est attendu en Israël mercredi, puis en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne.