Un lycéen déguisé en ninja s'en est violemment pris dans une école près de Johannesburg à ses camarades, tuant l'un d'entre eux avec un sabre. Un fait divers parmi tant d'autres, témoin de la violence croissante dans les écoles sud-africaines.

Le jeune homme avait enfilé un masque habituellement porté par un groupe de hard-rock américain Slipknot, connu pour ses musiques agressives. Le reste du visage et le cou peints en noir, il a tué lundi un lycéen de 16 ans et blessé un autre élève ainsi que deux jardiniers du Nic Diederichs Technical High School à Krugersdorp.

Par sa sordide mise en scène, ce fait divers sort de l'ordinaire mais reflète un phénomène généralisée dans les écoles sud-africaines.

«C'est horrible. Cet incident montre que la violence en Afrique du Sud est un réel problème et les gens, en particulier les parents, sont inquiets à ce sujet», a déclaré à l'AFP le directeur du Centre pour la justice et la prévention de la criminalité (CJCP), Eric Pelser.

Au moins 50 meurtres sont commis chaque jour dans ce pays, première puissance économique du continent, et entre mars 2007 et avril 2008, le nombre d'enfants tués a augmenté de 22,4%, selon une étude de ce centre.

Pour l'expert en éducation Graeme Bloch de la Banque de développement d'Afrique du Sud, «c'est une situation extrême, qui souligne les problèmes auxquels notre jeunesse est globalement confrontée: des questions d'identité, de confiance dans le futur, d'abus de drogue et l'effondrement des structures familiales».

Selon l'étude du CJCP, 64% des jeunes ont facilement accès à l'alcool, 25,3% aux drogues et 62% aux armes. Les conséquences en sont désastreuses: 1,8 million d'élèves du primaire et du secondaire, soit 15,6% des jeunes, ont été victimes entre 2006 et 2007 d'agressions, de viols et de vols, précise cette étude.

Pour de nombreux analystes, les écoles doivent assurer la sécurité de leurs élèves. Certains établissement ont d'ailleurs pris depuis un certain temps des mesures pour contenir cette violence et ont par exemple installé des portiques à l'entrée pour détecter des armes.

La psychologue Adele Romanis, basée à Johannesburg, note également que l'exposition des enfants à la criminalité dans les médias et le manque de valeurs morales et de modèles contribuent à cette montée de violence, rapportée quotidiennement dans la presse.

Pour elle, un des facteurs déterminants est l'explosion des structures familiales, particulièrement mises à mal sous le régime raciste d'apartheid quand les mineurs ou les employées de maison vivaient dans des quartiers blancs et leurs proches dans des zones réservées, les «Bantuland».

Depuis le meurtre du jeune homme avec un sabre, trois autres faits divers ont eu lieu dans les écoles. Deux personnes ont été arrêtées et une autre, soupçonnée d'avoir poignardé un autre élève lors d'une bagarre, est toujours recherchée. L'élève, blessé au bras, a été conduit à l'hôpital, a précisé l'agence de presse Sapa.

Quant au jeune homme déguisé en ninja, qui avait savamment orchestré son attaque, il a été inculpé mercredi pour meurtre et tentative de meurtre et sera jugé à partir du 27 août.