L'ex-secrétaire d'État américaine Madeleine Albright a tancé l'administration Bush pour sa façon de gérer le conflit russo-géorgien et affirmé que la première chose qu'elle aurait faite, elle, aurait été de foncer à Moscou, dans une interview dimanche à la presse.

«Je serais allée directement à Moscou, pas comme l'actuelle secrétaire d'État Condoleezza Rice», a déclaré l'ancienne chef de la diplomatie de Bill Clinton, secrétaire d'État de 1997 à 2001, citée sur le site Internet Spiegel Online.

«J'aurais dit aux Russes dans des termes très clairs que (leur) comportement n'est pas acceptable, en les assurant qu'aucun danger ne les menaçait à leurs frontières. Je leur aurais fait clairement comprendre qu'ils évaluaient mal la situation et qu'ils devaient corriger cela», a ajouté Mme Albright.

Elle a appelé à une réaction déterminée de l'Occident face aux agissements russes en Ossétie du Sud et estimé que «si (le premier ministre russe Vladimir) Poutine ne change pas de position, nous devons trouver des moyens d'isoler la Russie au niveau international».

«En pénétrant dans un pays souverain, la Russie a franchi la ligne rouge. Il est inquiétant que l'attitude de Moscou rappelle celle des tsars du XIXe siècle. Cela ne cadre pas avec le XXIe siècle», a dit Mme Albright.

Selon elle, l'OTAN doit poursuivre «sans hésiter» ses projets d'intégrer la Géorgie en son sein.

Elle a récusé toute éventuelle reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et toute comparaison avec le Kosovo, où il était question là de «nettoyage ethnique». «Nous avons tenté dans différentes résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU de trouver une solution à la crise et de travailler avec les Russes. La situation était différente. Ce qu'a fait Milosevic n'est pas comparable avec ce que les Géorgiens ont fait pour maintenir leur pays uni», a jugé Mme Albright.

Les troupes russes ont pénétré le 8 août en Géorgie en réaction à une offensive géorgienne pour reprendre le contrôle de l'Ossétie du sud. Moscou a reconnu l'indépendance de la région, comme celle de l'Abkhazie. L'UE et les États-Unis ont condamné cet acte.