À l'instar des autres habitants du village reculé de Kogelo (ouest du Kenya), Sarah, 86 ans, grand-mère du candidat démocrate à la Maison-Blanche, Barack Obama, ne doute pas une seule seconde que son petit-fils ira «jusqu'au bout».

«J'ai bon espoir qu'il aille jusqu'au bout, maintenant que Hillary Clinton s'est résolument positionnée et a déclaré son soutien à sa candidature», a déclaré Sarah Obama à deux journalistes de l'AFP, autour d'une tasse de thé matinale.

Sarah est la troisième épouse du grand-père paternel de Barack Obama. Aucun lien biologique ne les unit mais le candidat démocrate la considère comme sa grand-mère.

«Je suis restée éveillée tard la nuit dernière (jeudi soir) à regarder des images de la convention démocrate. Je me suis couchée tard et je n'ai pas pu voir le discours ce matin, parce que je me sentais un peu faible», a ajouté l'octogénaire, très alerte en dépit de la fatigue.

À l'heure où Barack Obama prononçait son discours de clôture de la convention démocrate à Denver (Colorado) devant plus de 75 000 partisans enthousiastes, il faisait nuit noire dans le village assoupi et arrosé d'une pluie fine de Kogelo.

Vendredi matin, interrogée dans la principale des trois pièces de sa modeste maison en dur, Sarah Obama attendait, pour pouvoir rallumer sa télévision et voir les dernières images de son petit-fils, que son panneau solaire recharge une batterie épuisée par les heures de visionnage de la veille.

Au même moment, les habitants de ce village à l'habitat dispersé débutaient leur journée comme à l'habitude, conduisant leurs troupeaux aux pâturages ou se rendant aux champs cultiver le millet ou le maïs.

«Nos yeux sont fixés sur le poste de président et nous sommes certains qu'il va le ramener à la maison», a assuré Vitalis Ochieng, jeune éleveur de 25 ans.

«Barack a la capacité de gagner. Je le connais depuis des années et il a l'énergie» nécessaire, a renchéri une belle-soeur du candidat démocrate, Léonida Atieno Akeyo, âgée d'une soixantaine d'année.

Né de père kényan et de mère américaine, sénateur de l'Illinois depuis novembre 2004 et seul Noir à siéger au Sénat, M. Obama a officiellement accepté jeudi à Denver la nomination démocrate dans la course à la Maison-Blanche, appelant ses compatriotes à s'unir derrière lui pour restaurer «la promesse américaine».

La popularité de M. Obama au Kenya dépasse largement les limites de Kogelo et son ascension vers sa nomination à la candidature démocrate avait été saluée en juin par le premier ministre kényan Raila Odinga, affirmant que ses concitoyens étaient enthousiastes, non seulement en raison de ses origines mais aussi de ce qu'il incarnait.

Tout comme M. Odinga, le père de Barack Obama, décédé en 1982 dans un accident de voiture, était issu de l'ethnie Luo, la troisième du pays en termes de population.

Le premier ministre kényan a, à plusieurs reprises, relevé, sous forme de boutade, que Barack Obama serait vraisemblablement le premier Luo à devenir chef d'État. M. Odinga a en effet officiellement terminé second de l'élection présidentielle controversée de décembre 2007 au Kenya.