L'Alliance atlantique a réussi mardi le tour de force de fâcher la Russie par une mise en doute de sa volonté de cesser les hostilités avec la Géorgie et de décevoir Tbilissi par les réticences de nombreux pays face à la demande d'adhésion du pays.

Les ambassadeurs des 26 pays membres de l'OTAN se sont réunis au siège de l'Alliance peu après l'annonce de la décision des autorités russes d'arrêter leurs opérations militaires en Géorgie.

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Ils ont ensuite reçu le chef de la mission de la Géorgie auprès de l'OTAN, Revaz Beshidze, chargé de représenter la ministre des Affaires étrangères Eka Tkeshelashvili, «bloquée en Géorgie par la situation sur le terrain».

A l'issue de ces deux réunions, le secrétaire général Jaap de Hoop Scheffer s'est interrogé sur la réalité de l'arrêt de l'opération militaire russe et demandé que les troupes reviennent à leurs positions d'avant les hostilités.

«L'OTAN espère que les informations de Moscou sur l'arrêt des hostilités sont vraies et dans ce cas, c'est un pas important, mais insuffisant», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

«La preuve de l'arrêt des hostilités sera donnée sur le terrain», a-t-il insisté.

Tout au long de son intervention, le secrétaire général de l'OTAN a condamné à plusieurs reprises «l'usage excessif et disproportionné de la force par la Russie», mais il s'est refusé à critiquer l'intervention militaire menée par la Géorgie en Ossétie du sud, une région séparatiste pro-russe, considérée comme le détonateur de la crise avec Moscou.

«Je ne veux pas entrer dans les considérations de qui a fait quoi quand», a-t-il éludé, lorsque la question lui a été posée.

L'ambassadeur russe auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, a jugé «immoral» de condamner l'intervention de la Russie, et a dénoncé «une offense à la mémoire des morts».

«Nous avons agi pour neutraliser un agresseur», a-t-il affirmé, accusant le président géorgien Mikheïl Saakachvili d'agir comme «un nazi».

L'intervention militaire géorgienne en Ossétie du sud a fait 2500 morts et les troupes géorgiennes se sont rendues coupables de crimes de guerre, a-t-il affirmé, en invitant le secrétaire général de l'OTAN à «se rendre sur place pour constater ces faits».

M. Rogozine avait demandé la convocation d'un conseil extraordinaire Russie-OTAN pour pouvoir exposer la position de son pays, mais cette réunion a été différée.

Le secrétaire général de l'OTAN a assuré mardi que ce conseil «se tiendra très prochainement».

Dmitri Rogozine a pris acte de cette explication et mis en garde les alliés. «Un partenariat donne une possibilité d'écouter. Si nos partenaires ne veulent pas nous écouter, alors ce n'est plus un partenariat», a-t-il averti.

L'ambassadeur géorgien s'est également montré assez désappointé par ses entretiens. Certes, Jaap de Hoop Scheffer a publiquement réaffirmé que «la Géorgie rejoindra un jour l'OTAN», mais M. Beshidze a constaté les réserves émises par de nombreux pays à cette candidature.

«Il n'y a toujours pas de consensus sur cette question», a-t-il admis. «Certaines nations sont très loin d'une position commune», a-t-il souligné.

La candidature de la Géorgie, soutenue par Washington, divise l'Alliance.

Lors d'un sommet en avril à Bucarest, les dirigeants des pays membres s'étaient engagés à terme à admettre la Géorgie et l'Ukraine en leur sein mais leur avaient refusé le statut de candidat dans l'immédiat, sous la pression de la France et de l'Allemagne en particulier, soutenues par un groupe d'une dizaine de pays.