Au moins 30 personnes voyageant à bord de deux minibus ont été tuées vendredi après-midi par les forces éthiopiennes près de Mogadiscio, a-t-on appris auprès de plusieurs témoins.

«J'ai vu 37 civils morts près de Arbiska, où les Ethiopiens ont ouvert le feu de manière aveugle sur deux minibus de voyageurs, l'un venant de Mogadiscio et l'autre d'Afgoye (à 30 km à l'ouest de Mogadicio)», a rapporté à l'AFP un chef coutumier Ahmed Hussein Mohamed de la localité d'Arbiska, située entre la capitale somalienne et Afgoye.

«Ils ont tué tout le monde dans les autocars et il y avait du sang partout (...) J'ai compté (les cadavres de) 29 hommes, sept femmes et un enfant», a témoigné un autre habitant de la zone, Amino Hassan Adan.

Les témoins interrogés par l'AFP ont indiqué que toutes les victimes semblaient être des civils et ont décrit des scènes de carnage.

«C'est une scène de destruction complète de la vie humaine. Tout le monde est hébété», selon le chef coutumier.

On ignorait vendredi en fin d'après-midi les raisons ayant poussé les troupes éthiopiennes à ouvrir le feu sur les deux cars mais ces dernières avaient été la cible, peu auparavant, de tirs d'insurgés islamistes et de l'explosion d'un engin dissimulé au bord de la route.

«Les forces éthiopiennes ont ouvert le feu sur deux autocars et ont tué beaucoup de gens. J'ai personnellement compté 15 morts à un endroit et je n'ai pas pu me rendre à l'autre mais les gens disent que beaucoup d'autres ont été tués», a pour sa part expliqué un autre témoin, Adan Moalim Yahye.

«Dix blessés ont été amenés à l'hôpital et, bien qu'ils soient très choqués pour la plupart, ils ont expliqué que de nombreux civils avaient été tués sans distinction», a témoigné un employé de l'hôpital d'Afgoye Hassan Cheik Ali, interrogé au téléphone par l'AFP.

Ces incidents meurtriers surviennent deux jours à peine après la mort, dans des circonstances semble-t-il similaires, de cinq passagers d'un minibus.

Mercredi soir, les soldats éthiopiens, qui venaient de subir une attaque d'insurgés islamistes, ont ouvert le feu sur un minibus, qui faisait la liaison entre la capitale somalienne et Wanlaweyn, une localité située au nord-ouest de Mogadiscio.

Les forces éthiopiennes sont intervenues fin 2006 en Somalie, à la demande du gouvernement fédéral de transition, et ont mis en déroute les tribunaux islamiques qui contrôlaient depuis six mois la majeure partie du centre et du sud du pays, dont Mogadiscio.

Les islamistes défaits ont depuis adopté une stratégie de guérilla, multipliant les attaques contre les troupes éthiopiennes, les forces de sécurité gouvernementales et les soldats de la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom).

Les civils sont les principales victimes de ces combats. Selon plusieurs organisations internationales de défense des droits de l'Homme et humanitaires, au moins 6000 d'entre eux ont péri ces douze derniers mois.

La Somalie est en guerre civile depuis 1991.