Un juge fédéral a confirmé en appel que l'ancienne responsable des services juridiques de la Maison Blanche, proche du président George W. Bush, devra répondre devant le Congrès du limogeage controversé de neuf procureurs, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

«Le témoignage de (Harriet) Miers pourrait aider le Congrès à déterminer enfin quel recours législatif, s'il en existe, il pourrait décider en réponse à ces démissions forcées», a estimé le juge John Bates dans sa décision dont l'AFP a obtenu copie.

Le même juge avait estimé en première instance le 31 juillet que les conseillers du président américain ne disposaient pas de l'«immunité totale», sur laquelle ils s'appuyaient depuis deux ans pour ne pas répondre aux convocations du Congrès.

La Maison Blanche avait fait appel de cette décision dans les premiers jours du mois d'août, arguant notamment de la séparation des pouvoirs, exécutif et judiciaire. Le juge Bates lui a donc opposé un nouveau revers dans cette affaire de limogeage de neuf procureurs qui avait été perçu à l'époque, en 2006, comme une

purge politique.

Mais il a laissé la possibilité à Mme Miers d'«invoquer son "privilège de l'exécutif" dans le cadre d'un témoignage par questions-réponses», jugeant que ce garde-fou suffisait à la préservation des «intérêts légitimes de l'exécutif en termes de confidentialité».

Il s'agit, assure le juge, d'éviter que la Maison Blanche continue de jouer la montre, en «repoussant» l'échéance jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle administration. «Ce serait de la spéculation aujourd'hui que de prédire comment le Congrès à venir et le nouveau président vont décider de procéder dans cette affaire», affirme le juge.

Le Congrès a enfin eu la faveur du juge dans son argumentaire au nom de la défense de l'intérêt public contre un nouveau report judiciaire de ce témoignage, qui «laisserait planer le doute sur cette administration et sur le système judiciaire criminel».

Cette décision «rejette clairement les efforts de la Maison Blanche pour jouer la montre dans l'enquête de la commission (des Affaires juridiques de la Chambre des représentants) sur la politisation du Département de la Justice» américain, a estimé dans un communiqué le démocrate John Conyers, qui préside la commission.

«Encouragé» par cette décision, il a annoncé que la commission «allait rapidement prévoir une audience pour Mme Miers».