La junte au pouvoir en Mauritanie depuis le coup d'Etat militaire du 6 août a publié dans la nuit de dimanche à lundi un communiqué annonçant la formation d'un gouvernement, selon la télévision d'Etat.

Un communiqué de la présidence du Haut conseil d'Etat indique que «par décret en date de ce jour» (dimanche 31 août), un gouvernement de 22 ministres a été constitué, sous la direction de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.

Cette annonce a été faite 26 jours après le putsch qui a renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu depuis l'indépendance du pays en 1960, et porté au pouvoir un conseil d'officiers dirigé par le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

La majorité des ministres appartiennent à la mouvance qui soutient le coup d'Etat, qu'ils soient affiliés à des partis politiques ou indépendants.

Au moins trois nouveaux ministres sont membres du Rassemblement des Forces démocratiques (RFD), second parti à l'Assemblée nationale, présidé par Ahmed Ould Daddah, chef de l'opposition au régime du président Ould Cheik Abdallahi.

Mais, aussitôt après cette annonce, le RFD a publié un communiqué pour considérer ces trois ministres comme «automatiquement démissionnaires» du parti.

Le RFD avait annoncé le 25 août qu'il ne participerait pas au gouvernement, faute d'avoir obtenu des garanties sur «la détermination de la période transitoire» et l'inéligibilité à la prochaine présidentielle de tout membre des forces armées.

Le poste de ministre des Affaires étrangères est confié à Mohamed Mahmoud Ould Mohamedou, qui a notamment été professeur de sciences politiques à l'université Harvard, aux Etats-Unis.

Le ministre de la Défense, Mohammed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, conserve son portefeuille, de même que le ministre de la Justice, Ahmedou Tidjane Bal.

Le nouveau ministre de l'Intérieur est Mohamed Ould Maaouiya, administrateur civil, qui fut pendant longtemps secrétaire général de ce ministère.

Le chef de la junte avait nommé le 14 août «par décret» au poste de Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ambassadeur de Mauritanie à Bruxelles.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné le 19 août le coup d'Etat en Mauritanie et exigé la libération immédiate du président déchu et le rétablissement des institutions légitimes.

Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi reste privé de liberté depuis le 6 août, actuellement assigné à résidence dans une villa à Nouakchott. Son Premier ministre, Yahya Ould Ahmed Waghf, arrêté le 22 août alors qu'il se rendait à un meeting politique contre le putsch selon ses proches, est également assigné à résidence dans son village natal, à 500 km de la capitale.