Quel que soit son nom, Barack Obama ou John McCain, le futur président des États-Unis doit d'ores et déjà s'attendre à une confrontation avec la Russie, alors que la guerre en Géorgie laisse entrevoir un sérieux coup de froid entre les deux pays.

Les deux candidats n'ont d'ailleurs pas attendu leur éventuelle élection pour s'emparer du sujet. Partisan d'une ligne dure envers la Russie, John McCain s'est, dès l'entrée des troupes russes en Géorgie, placé comme un allié de Tbilissi, condamnant Moscou.

Côté démocrate, la position d'Obama s'est durcie au fur et à mesure de l'évolution de la situation. La conseillère de Barack Obama pour les questions de politique étrangère, Susan Rice, a même laissé entendre que le sénateur de l'Illinois pourrait repenser son approche de la question des relations entre les deux pays à l'aune du conflit entre Moscou et Tbilissi.

«Il devra y avoir des conséquences», a-t-elle dit à propos du conflit vendredi, lors de discussions à la New America Foundation, un centre de réflexion.

Si leurs approches du conflit diffèrent, il ne faut pas «surestimer les différences entre les deux candidats sur ce sujet», estime Justin Logan, spécialiste de la politique étrangère au Cato Institute.

Pour M. Logan, même si McCain est plus va-t-en-guerre, une administration Obama entrerait également en opposition avec la Russie.

Une analyse partagée par Strobe Talbott, adjoint au secrétaire d'État sous l'administration Clinton: «Je ne crois pas qu'il y ait tant de différences que ça entre les candidats. Ce sera, quoiqu'il arrive, un énorme défi pour la prochaine administration».

Cette nouvelle donne dans les relations entre les États-Unis et la Russie promet de devenir un sérieux casse-tête pour le futur président américain, qui aura également à son agenda, après son investiture en janvier 2009, des dossiers particulièrement compliqués comme l'Irak, l'Afghanistan et l'Iran.

Quel que soit son nom, le successeur de George W. Bush devra envisager une réalité inconfortable pour les États-Unis: la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, en tant que puissance émergente, est incontournable pour de nombreux objectifs américains en matière de politique étrangère.

Lucides, John McCain et Barack Obama ont admis que Moscou avait joué un rôle clef dans certains dossiers, comme le nucléaire iranien.

«Le gouvernement russe veut désespérément que l'Ouest le considère comme une grande puissance respectée», selon James Rubin, ancien porte-parole de la secrétaire d'État démocrate Madeleine Albright, dans une analyse publiée sur le site du Huffington Post. «Nous devons garder cette idée à l'esprit», ajoute-t-il. «Ce ne sont pas des relations diplomatiques habituelles».

Face à Moscou, les deux candidats, qui devraient adopter une attitude de défiance, disposent de multiples réponses, seule la confrontation militaire entre les deux puissances nucléaires étant exclue.

Le prochain président pourrait s'engager à bloquer l'entrée de la Russie à l'OMC et parallèlement accélérer l'entrée des anciens satellites de l'URSS, comme la Géorgie, dans l'OTAN.

Certains évoquent également un boycott des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014, organisés par la Russie.

D'autres relaient l'appel de John McCain à expulser la Russie du G8, bien que les autres membres ne semblent guère disposés à l'accepter.