Les Mexicains s'apprêtaient samedi à manifester en masse contre la criminalité, les enlèvements et la corruption policière dans quelque 70 villes du pays, avec des dizaines de milliers de personnes attendues pour une «marche blanche» dans la capitale.

Mexique: des manifestants par milliers contre la criminalité (PAPIER GENERAL)

MEXICO, 30 août 2008 (AFP) - Les Mexicains s'apprêtaient samedi à manifester en masse contre la criminalité, les enlèvements et la corruption policière dans quelque 70 villes du pays, avec des dizaines de milliers de personnes attendues pour une «marche blanche» dans la capitale.

La violence a explosé dans le pays depuis que le président conservateur Felipe Calderon, arrivé au pouvoir en décembre 2006, a lancé une offensive contre les trafiquants de drogue en déployant dans le pays plus de 36 000 militaires et policiers, sans toutefois parvenir à endiguer la violence.

Les manifestants de samedi réclament des autorités des mesures plus efficaces contre cette violence, liée essentiellement au trafic de drogue. Elle a déjà fait 2712 morts depuis le début de 2008 au Mexique, en particulier dans l'État de Chihuahua. Ce bilan dépasse déjà celui de l'ensemble de l'année 2007.

Jeudi, 12 hommes décapités, identifiés ensuite pour la plupart comme délinquants, ont été découverts près de Mérida, la capitale de l'État du Yucatan (sud-est), épargnée jusqu'alors par les règlements de compte entre narco-trafiquants qui tournent à la tuerie.

La décapitation est une forme de message entre cartels rivaux dans leur guerre pour le contrôle du trafic de la drogue, intense au Mexique, zone stratégique pour le transit des cargaisons vers les États-Unis, énormes consommateurs.

Vendredi, la liste s'est allongée: trois hommes exécutés et décapités à Nogales, localité frontalière des États-Unis située dans l'État de Sonora (nord-est), et un autre à Madère, dans l'État de Chihuahua (nord).

Les enlèvements contre rançon sont également devenus monnaie courante au Mexique: 323 cas officiellement enregistrés pendant le premier semestre 2008, 438 sur l'ensemble de 2007.

Le Mexique s'est particulièrement ému, début août, de l'enlèvement et assassinat dans la capitale d'un adolescent de 14 ans, Fernando Marti: l'enquête a révélé que des policiers étaient impliqués.

Samedi en début de soirée, à l'appel d'une quinzaine d'organisations de défense des droits de l'homme et d'associations diverses, les manifestants sont attendus par milliers dans quelque 70 villes du pays, de l'État de Chihuahua à la station touristique de Cancun, et dans le centre de la capitale.

Vêtus de blanc, comme dans une marche similaire qui avait rassemblé quelque 500 000 manifestants à Mexico en 2004, ils doivent chanter l'hymne national tous ensemble à travers le pays à 20H30 locales (dimanche 21H30 HAE).

Ils porteront des cierges allumés, pour cette manifestation de masse intitulée «Illuminons le Mexique».

Le président Calderon avait annoncé au cours de la semaine que les opérations policières avaient conduit entre septembre 2007 et juin 2008 à l'arrestation de 22 000 suspects d'appartenance au crime organisé, et à la saisie de 11 000 armes. Il avait souligné que plus de 100 policiers et près de 70 militaires avaient été tués en intervention.

Rappelant l'adoption la semaine précédente d'un «pacte national de sécurité» prévoyant une purge dans les rangs de la police et des condamnations plus lourdes pour les auteurs d'enlèvements, il avait également blâmé la population en général pour son «apathie».

«La force de la loi au Mexique a été menacée par des criminels qui, pendant des années, ont été confortés par la tolérance et parfois la corruption de certaines autorités, ainsi que par l'indifférence et l'apathie de nombre de citoyens», avait-il déclaré.

Sur ce dernier point, les organisateurs de «Illuminons le Mexique» veulent lui prouver samedi qu'il se trompe.