La lauréate iranienne du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a annoncé lundi avoir porté plainte pour diffamation contre l'agence de presse officielle Irna après des accusations selon lesquelles sa fille se serait convertie à la religion bahaïe, interdite en Iran.

«Ma fille et moi-même avons porté plainte en justice contre Irna, l'auteur de la dépêche et les journaux qui l'ont rapportée», a dit Mme Ebadi lors d'une conférence de presse.

L'avocate et prix Nobel avait déjà démenti la nouvelle d'Irna, diffusée le 6 août et citant une «source informée» selon laquelle «la fille d'Ebadi (Narges Tavasolina) s'est convertie depuis presqu'un an au bahaïsme».

Elle avait estimé que cette accusation résultait de sa décision de prendre la défense de sept membres de la communauté bahaïe qui ont été arrêtés en mai sur des soupçons d'action contre l'État et de liens avec Israël.

Mme Ebadi a annoncé lundi avoir porté plainte pour «diffusion de mensonges, insulte et diffamation».

Un musulman iranien abandonnant sa foi est coupable d'apostasie, un crime punissable de mort selon la loi islamique.

Mme Ebadi a établi un lien entre les allégations rapportées par Irna et des menaces de mort à son encontre reçues en avril, dont l'une était signée d'une «association anti-bahaïe».

«En regardant le genre d'informations qui sont sorties (dans La Presse, ndlr), nous savons qui donne des idées à ceux qui menacent de me tuer», a dit l'avocate, qui préside le Centre des défenseurs des droits de l'Homme.

Mme Ebadi, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2003 pour son rôle dans la promotion des droits de la femme et de l'enfant en Iran, gêne les autorités avec ses protestations incessantes contre les violations des droits de l'homme dans son pays.

La foi bahaïe est née en 1863 en Iran. Les Bahaïs considèrent Bahaullah, né en 1817, comme le dernier prophète envoyé par Dieu sur terre, alors que pour les musulmans le dernier prophète est Mahomet.

Les adeptes de cette foi avaient été aussi persécutés sous l'ancien régime renversé en 1979.