Les dirigeants de la coalition gouvernementale au Pakistan devaient se retrouver mardi pour discuter d'un remplaçant au président Pervez Musharraf démissionnaire et du sort des dizaines de juges que le chef de l'État avait limogés l'an dernier.

M. Musharraf a démissionné lundi à la veille du lancement par le gouvernement d'une procédure de destitution à son encontre. La coalition avait préparé un acte d'accusation reprochant à M. Musharraf d'avoir violé la Constitution en imposant l'état d'urgence, en novembre 2007, et en limogeant des magistrats de la Cour suprême qui auraient pu contester sa réélection un mois plus tôt.

Après neuf années sous la direction de M. Musharraf, la seule puissance militaire nucléaire du monde musulman s'active à lui trouver un successeur mais la tâche du gouvernement de coalition, déjà très fragilisé par des querelles intestines, s'annonce délicate.

«Les dirigeants vont discuter des questions relatives à l'après-Musharraf, parmi lesquelles l'élection présidentielle, le rétablissement des juges dans leurs fonctions et la situation politique», a indiqué Farhatullah Babar, porte-parole du Parti du peuple pakistanais (PPP) de la défunte Benazir Bhutto et première formation de la coalition.

Le PPP est allié à la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) de l'ex-premier ministre Nawaz Sharif et à des petits partis ethniques et religieux.

La réunion multipartite devrait se tenir à Islamabad dans la résidence du veuf de Mme Bhutto et co-président du PPP, Asif Ali Zardari.

Le président du Sénat, la chambre haute du Parlement, Mohammedmian Soomro assure la présidence par intérim depuis lundi et restera en fonction jusqu'à la prochaine élection d'un chef d'État par le Parlement et les quatre assemblées provinciales du pays.

«L'élection d'un nouveau président doit se tenir d'ici à 30 jours après que le poste eut été vacant», a rappelé le porte-parole de la commission électorale Kanwar Dilshad.

La coalition envisagerait comme candidats présidentiels Mehmud Khan Achakzaï, de la province du Baloutchistan (sud-ouest) et Aftab Shoban Mirani de la province méridionale du Sind, selon des responsables officiels.

Le choix pourrait aussi se porter sur des femmes, comme Fehmida Mirza, présidente de l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement, ou sur la soeur de M. Zardari, Faryal Talpur, a-t-on appris de mêmes sources.

Par ailleurs, «la question des juges devrait probablement être réglée aujourd'hui», a indiqué le ministre de la Justice Farooq Naik.

M. Musharraf avait limogé des dizaines de magistrats de la Cour suprême sous le régime de l'état d'urgence en novembre 2007, redoutant qu'ils jugent illégale sa réélection controversée du 6 octobre 2007.

MM. Zardari et Sharif étaient finalement convenus de rétablir ces juges dans leurs fonctions, y compris l'ex-président de la Cour suprême Iftikhar Muhammad Chaudhry, mais ils ne l'ont pas fait jusqu'à présent.

«Les partenaires de la coalition vont s'entretenir de dossiers politiques importants, mais je ne peux pas dire que des décisions définitives seront annoncées aujourd'hui. Aucune décision ne sera prise à la va-vite», a prévenu la ministre de l'Information Sherry Rehman.