La Russie a annoncé ce soir avoir achevé son retrait en Géorgie, une affirmation immédiatement démentie par Tbilissi, tandis que Washington et Paris accusaient Moscou de ne pas respecter l'accord de cessez-le-feu.

«Le retrait des unités militaires russes s'est déroulé sans incident et a été achevé conformément aux plans vers 19h50, heure de Moscou», a affirmé le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov.

Tbilissi a immédiatement démenti l'annonce russe et indiqué que des troupes de Moscou étaient notamment toujours dans le port de Poti et à Senaki (ouest).

Washington et Paris ont pour leur part accusé Moscou de ne pas respecter les termes du plan de paix russo-géorgien négocié par la France, et le Pentagone a jugé «mineurs» les mouvements de repli des forces russes.

Le président américain George W. Bush et son homologue français Nicolas Sarkozy ont estimé, dans un entretien téléphonique, que «la Russie n'était pas en conformité» avec le plan de paix et qu'elle devait s'y conformer «immédiatement», selon le porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe.

Ils appellent aussi la Russie à «poursuivre et achever» son retrait de Géorgie.

Le chef de la diplomatie britannique David Miliband s'est lui dit «profondément inquiet du fait que les forces russes ne se sont pas retirées sur les (...) positions convenues» (dans l'accord).

Des journalistes de l'AFP ont vu tout l'après-midi des dizaines de véhicules militaires russes quittant leurs positions avancées dans le centre et dans l'ouest de la Géorgie pour se diriger vers les régions séparatistes pro-russes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie.

Aucun chiffre sur le nombre de troupes russes engagées sur le terrain n'a été donné par les autorités russes depuis le début du conflit.

La route vers Gori a elle été ouverte dans la soirée, et la police géorgienne a repris le contrôle de cette ville stratégique reliant l'est et l'ouest géorgien et qui était occupée par les troupes russes depuis plus d'une semaine. Plus aucun militaire russe n'était posté sur cette voie tard vendredi.

«La route principale à travers la Géorgie sera entièrement ouverte plus tard aujourd'hui. Il sera possible par exemple de se rendre de Tbilissi à Poti (ouest)», a dit à l'AFP le secrétaire du Conseil de sécurité Alexandre Lomaïa.

Moscou avait averti dans la journée que ses forces resteraient cependant en place en plusieurs points stratégiques sur le territoire géorgien et hors des territoires séparatistes où des forces russes de maintien de la paix sont stationnées depuis le début des années 1990.

D'après une carte montrée à la presse par l'état-major russe, la Russie va garder le contrôle de la route stratégique reliant Tbilissi à la mer Noire (ouest).

Le document, présenté au cours d'une conférence de presse par le chef-adjoint d'état-major Anatoli Nogovitsyne, montre, entourée d'une ligne rouge, la «zone de responsabilité» russe incluant de longs tronçons de la principale route traversant d'Est en Ouest la Géorgie.

La zone inclut notamment l'essentiel de la route reliant le port de Poti et Senaki où les forces russes contrôleront un important aérodrome militaire.

Berlin a estimé que cette zone tampon, dont les limites étaient encore peu claires vendredi, ne pouvait faire partie que «de mesures provisoires de sécurité en attendant qu'un mécanisme international puisse entrer très rapidement en vigueur».

Moscou avait assuré qu'il ne resterait vendredi soir plus que 500 soldats répartis dans huit postes dans la zone tampon. La Russie se réserve cependant «le droit d'augmenter» le nombre de ses soldats de maintien de la paix en Géorgie «en cas de nécessité», a averti le général Nogovitsyne.

Les troupes russes étaient entrées en Géorgie après avoir lancé une vaste contre-offensive contre l'armée géorgienne qui avait tenté dans la nuit du 7 au 8 août de reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud.

Sur le front diplomatique, les grandes puissances ont été incapables de trouver un accord au Conseil de sécurité de l'ONU, les Occidentaux insistant pour que le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie soit clairement réaffirmé.

Ce point paraît d'autant plus important que l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont officiellement demandé à Moscou de reconnaître leur indépendance.