L'Iran a promis mardi une réponse finale à l'offre des grandes puissances pour résoudre la crise du nucléaire, mais a réclamé au préalable des éclaircissements dans un message transmis à tous ses interlocuteurs.

Les demandes de Téhéran sont arrivées en fin de journée sous forme d'une lettre adressée à Javier Solana, le diplomate en chef de l'Union européenne, et aux dirigeants des Six --les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine) et l'Allemagne--, engagés dans la recherche d'une solution à la crise provoquée par le programme nucléaire iranien.

Les autorités iraniennes «annoncent une réponse, mais disent avoir besoin d'éclaircissements sur certains points de l'offre», a indiqué à l'AFP une source européenne.

«Elles renvoient la balle. Il va falloir analyser si c'est encore une manière de gagner du temps ou si c'est sérieux», a-t-elle commenté.

M. Solana et les directeurs politiques des six grandes puissances ont prévu une conférence téléphonique mercredi pour décider de la conduite à tenir après analyse du message.

«Comme nous l'avons déjà dit, si nous ne recevons pas une réponse claire, un message clair de leur part, nous n'aurons d'autre choix que d'étudier des mesures additionnelles», a averti le porte-parole du département d'État américain, Gonzalo Gallegos.

Interrogé sur la nature de ces «mesures», M. Gallegos a rappelé que le Conseil de sécurité de l'ONU avait déjà adopté trois séries de sanctions limitées contre l'Iran et que cette voie serait poursuivie si nécessaire.

Sans attendre la réponse des autorités iraniennes, les pays de l'Union européenne ont déjà décidé d'appliquer de manière ferme les sanctions imposées par la dernière résolution de l'ONU, la 1803, en allant un peu au-delà de ce que prévoit le texte stricto sensu.

L'UE a ainsi décidé de restreindre les soutiens financiers publics pour les échanges commerciaux avec l'Iran et d'étendre les contrôles maritimes à toutes les cargaisons considérées comme suspectes vers et en provenance d'Iran.

Les grandes puissances ont offert une alternative à l'Iran: ou il accepte la coopération et suspend ses activités controversées d'enrichissement de l'uranium, que les Occidentaux soupçonnent d'être destinées à acquérir l'arme nucléaire, ou il fait face à des sanctions croissantes de la communauté internationale.

Les Six attendent depuis samedi une réponse à leur offre, présentée le 19 juillet au négociateur iranien Saïd Jalili.

Téhéran souffle pour l'instant le chaud et le froid. Les promesses de réponse sont contrebalancées par des déclarations belliqueuses. Le président Mahmoud Ahmadinejad a ainsi opposé samedi une fin de non recevoir à l'offre des Six: «La nation iranienne ne cèdera pas un pouce sur ses droits au nucléaire».

Téhéran a par ailleurs annoncé lundi avoir testé avec succès un missile anti-navires d'une portée de 300 kilomètres. «Et étant donné l'équipement dont disposent nos forces armées, un blocus indéfini du détroit d'Ormuz serait très facile», a assuré le général Mohammad Ali Jafari, chef des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime iranien.

Washington a réagi prudemment mais avec une mise en garde. «Fermer le détroit, fermer le golfe Persique, constituerait une sorte d'exercice contre-productif», a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, faisant allusion au fait que l'économie iranienne ne pourrait se passer des revenus pétroliers. 40% du pétrole mondial transite par le détroit d'Ormuz.

«Cela n'indique pas si nous tolérerions ou pas une telle chose», a-t-il toutefois averti.