Stephen Harper contre Stéphane Dion ou John McCain contre Barack Obama? Pour Toby Condliffe, le choix est clair. Il ne s'en cache même pas.

Ce sexagénaire torontois est nettement plus excité par l'élection présidentielle américaine que par le prochain scrutin prévu au Canada. «C'est le Super Bowl en comparaison de la Coupe Grey», lance-t-il.

Un sourire radieux éclairait le visage de cet homme trapu au crâne dégarni lorsque La Presse l'a rencontré au centre-ville de Denver. Car il a cette année la chance de jouer un rôle important dans le processus qui pourrait mener Obama à la Maison-Blanche.

Il est l'un des quatre résidants du Canada à faire partie des quelque 4000 délégués à la convention démocrate. Ce sont ces partisans qui ont hier officiellement désigné Obama candidat du parti.

«C'est excitant, dit-il. Je n'ai assisté qu'à une seule course de chevaux de toute ma vie. Au derby du Kentucky. Et actuellement, j'assiste au derby du Kentucky de la politique.»

M. Condliffe est l'un des quelque 7 millions de citoyens américains qui habitent à l'extérieur des États-Unis. Il s'est installé en Ontario après avoir épousé une Canadienne en 1974.

Au sein du Parti démocrate, ces expatriés ont sensiblement les mêmes droits que s'ils demeuraient en sol américain. Ils forment une délégation officielle à la convention, à l'instar des 55 États et territoires.

M. Condliffe, qui habite aujourd'hui à Toronto, est tombé dans la marmite de la politique alors qu'il était très jeune. Dans les années 50, ses parents ont travaillé pour la campagne d'Adlai Stevenson, rival démocrate de Dwight D. Eisenhower.

Il allait rapidement marcher dans leurs pas. Il a entre autres travaillé comme adjoint parlementaire au Congrès américain à Washington, avant de s'établir au Canada. Il est aujourd'hui vice-président de l'organisation Democrats Abroad, qui regroupe les expatriés démocrates.

Malgré ses longues années d'implication politique, la convention de Denver est sa première. Et il ne s'en plaint pas. «Si on m'avait demandé de choisir à quelle convention j'aurais voulu participer, c'est certain que j'aurais choisi celle-ci», explique-t-il.

Il considère Obama, à qui il a donné son soutien dès novembre 2007, comme un candidat exceptionnel. «J'ai décidé très tôt de lui donner mon appui quand j'ai vu à quel point les jeunes étaient attirés et excités par sa candidature, dit M. Condliffe. La dernière fois que j'avais vu des jeunes aussi impliqués, c'est à l'époque de John Fitzgerald Kennedy. Quand j'étais jeune moi aussi.»