La chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice et son homologue israélienne Tzipi Livni ont étalé mardi leurs divergences sur la colonisation juive en Cisjordanie, principal obstacle dans les négociations de paix israélo-palestiniennes censées aboutir en 2008.

«Je pense qu'il ne s'agit pas d'un secret: j'ai dit à mes interlocuteurs israéliens que je ne pensais pas que les activités de colonisation aident au processus» de paix, a affirmé la secrétaire d'État américaine lors d'une conférence de presse commune avec Mme Livni à Jérusalem.

«Ce dont nous avons besoin maintenant, ce sont des mesures qui renforcent la confiance entre les deux parties, et tout ce qui peut miner cette confiance doit être évité», a ajouté Mme Rice.

«En fait, les frontières de l'État palestinien et d'Israël seront déterminés par un accord», a également souligné Mme Rice.

Mme Livni a en revanche estimé que le processus de paix n'était «pas affecté par les activités de colonisation».

«En fin de compte, le rôle des dirigeants est de tenter de trouver un moyen de vivre en paix à l'avenir et ne pas laisser le moindre bruit lié à la situation sur le terrain se faire entendre dans la salle de négociations», a ajouté la ministre israélienne.

«La politique du gouvernement israélien n'est pas d'agrandir les implantations, de construire de nouvelles implantations ou de confisquer des terres palestiniennes», a également affirmé Mme Livni.

Peu avant cette conférence de presse, le mouvement anticolonisation «la Paix Maintenant» a indiqué dans un rapport que la construction de logements dans les colonies israéliennes de Cisjordanie avait pratiquement doublé depuis le début 2008 par rapport à la même période de 2007.

Durant les cinq premiers mois de l'année, 433 logements étaient en cours de construction dans les implantations contre 240 durant la même période de 2007, selon ce rapport, qui cite des chiffres officiels du Bureau central des statistiques.

Selon des enquêtes effectuées par «la Paix Maintenant» à l'aide de photographies aériennes et de visites sur le terrain, ce «boom» de la construction est encore plus important, avec un millier de nouveaux bâtiments comprenant 2600 logements en chantier.

À l'issue de la conférence de presse avec Mme Livni, Mme Rice a rencontré le premier ministre israélien Ehud Olmert pour la première fois depuis que celui-ci --impliqué dans des scandales de corruption-- a annoncé fin juillet son intention de démissionner prochainement.

Elle devait ensuite se rendre à Ramallah pour s'entretenir avec le président palestinien Mahmoud Abbas, avant de quitter la région.

Il s'agit de la 18e visite de Mme Rice dans la région en deux ans et sa 7e depuis la relance des négociations de paix israélo-palestiniennes à Annapolis, aux États-Unis, en novembre 2007.

Ces négociations, censées aboutir avant la fin de l'année en cours, n'ont enregistré aucune percée, butant notamment sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie et dans la région de Jérusalem.

Dans des déclarations à la presse lundi, Mme Rice a reconnu qu'Israéliens et Palestiniens avaient «beaucoup de travail» à accomplir s'ils désiraient parvenir à un accord avant la fin de l'année.

Un responsable du département d'État qui a requis l'anonymat a pour sa part souligné que les États-Unis ne voulaient pas «répéter les erreurs du passé», lorsque les précédentes administrations américaines avaient tenté de parvenir à l'arraché à un accord.

«Nous ne voulons pas faire cela au dépens des progrès qui ont été enregistrés,» a-t-il dit.

Peu avant l'arrivée de Mme Rice lundi, Israël a libéré lundi 198 prisonniers palestiniens, dont deux des plus anciens, dans un geste à l'égard de M. Abbas. Mme Rice a salué cette mesure, la qualifiant de «très bon pas».