La police indienne a abattu lundi quatre manifestants au Cachemire indien et arrêté trois dirigeants séparatistes musulmans de ce territoire placé sous couvre-feu afin d'empêcher la tenue d'un rassemblement indépendantiste.

Un premier protestataire a été tué par des tirs des forces de l'ordre près de Srinagar, la capitale d'été du Cachemire indien, où une manifestation contre l'«occupation indienne» était programmée.

«Les forces de sécurité ont dû ouvrir le feu lorsque des manifestants les ont attaquées à coups de pierres et de bâtons», a déclaré à l'AFP un officier de la police, Imtiaz Ahmed.

Un deuxième homme d'une vingtaine d'années est mort dans les mêmes circonstances à Pulwama, à 30 km de Srinagar, au moment où 5000 personnes voulaient se rendre au rassemblement des indépendantistes, selon l'officier Tanvir Ahmed.

Une femme et un adolescent ont ensuite été abattus au nord de Srinagar parce que leur groupe de manifestants avait «violé les règles du cessez-le-feu», selon la police.

Dans toute la vallée du Cachemire, plus de cent personnes ont été blessées.

Auparavant, les chefs séparatistes Syed Ali Gilani et Mirwaiz Umar Farouk --à la tête de deux factions, extrémiste et modérée, du mouvement cachemiri-- avaient été interpellés chez eux en pleine nuit.

Ces quinze derniers jours, les deux hommes étaient en pointe des manifestations pour réclamer le droit à l'autodétermination du Cachemire, une province à majorité musulmane, divisée depuis 60 ans entre l'Inde et le Pakistan.

New Delhi use de «toute sa puissance pour réprimer un mouvement pacifique» et «nous appelons le monde à se lever pour sauver les Cachemiris!», a lancé un proche de M. Gilani, Masarat Alam.

Le Cachemire indien vit sa plus grave crise depuis le déclenchement en 1989 d'une insurrection séparatiste, récupérée par des islamistes, et qui a fait au moins 43.000 morts.

Les séparatistes avaient prévu de se rassembler sur la Place rouge de Srinagar où, en 1948, le père de l'indépendance de l'Inde et premier ministre Jawaharlal Nehru avait promis aux Cachemiris le droit à l'autodétermination par voie référendaire, un engagement qui n'a jamais été tenu.

Du fait du couvre-feu imposé depuis dimanche, le rassemblement était interdit. Un autre responsable séparatiste, Yacine Malik, a été interpellé en se rendant sur la Place rouge, ont indiqué des habitants.

Des milliers d'hommes en armes étaient déployés autour de la place dont les entrées était bloquées par des barrières et des fils de fer barbelés, dans une ambiance «très lourde», selon un résident, Joginder Singh.

Les troubles dans cet État du Jammu-et-Cachemire ont éclaté en juin après une décision des autorités, annulée par la suite, d'allouer des terrains à des pèlerins hindous, ce qui avait déclenché la colère de musulmans.

Au total, 36 musulmans et trois hindous ont été tués par les forces de sécurité à Srinagar et près de Jammu, la capitale d'hiver.