Les enlèvements se multiplient au Mexique. Même les personnes qui peuvent se payer chauffeur et garde du corps ne sont pas à l'abri. Pour rassurer une population aux abois, le gouvernement annonce la création de brigades de police spécialisées et demande la prison à perpétuité pour les ravisseurs d'enfants.

Depuis la découverte le 1er août à Mexico du corps de Fernando Marti, un adolescent de 14 ans assassiné par ses ravisseurs après avoir été enlevé à un barrage de police, le Mexique est plongé dans une psychose collective qui prend chaque jour un peu plus d'ampleur.

Le président Felipe Calderon, qui a déjà proposé le rétablissement de la prison à perpétuité pour les auteurs d'enlèvements, a créé cette semaine cinq brigades de police spécialisées.

Mobilisables 24 heures sur 24 et ayant accès à une base de données fédérale, ces 300 hommes devront lutter contre un fléau qui touche de plus en plus de familles mexicaines. L'an dernier, 438 enlèvements ont été déclarés aux autorités fédérales. Dans la première moitié de 2008, le seuil des 400 a déjà été dépassé.

La ville de Mexico, dont relèvent les policiers soupçonnés d'avoir organisé l'enlèvement, a également décidé d'agir. Le maire Marcelo Ebrard a proposé un plan en 20 points. Certains ont été inspirés de l'ancien maire de New York et spécialiste de la sécurité urbaine Rudolph Giuliani.

Un réseau de protection citoyenne, dont les 300 000 membres représenteront chacune des rues de la ville, sera chargé de dénoncer les délits et d'évaluer le travail des policiers.

Des récompenses pouvant atteindre plus de 50 000$ iront à tous ceux qui aideront à l'arrestation de ravisseurs. La police judiciaire, minée par la corruption, sera dissoute.

Ces décisions spectaculaires sont à la mesure de l'émotion suscitée au cours des dernières semaines par l'affaire Fernando Marti.

La famille de l'adolescent a été propriétaire, jusqu'à récemment, de l'une des plus grandes chaînes de magasins de sport du pays. Prenant toutes les précautions pour protéger ses proches, le père de Fernando n'envoyait jamais son fils à l'école sans la protection d'un chauffeur et d'un garde du corps. Mais le 4 juin dernier, ces précautions n'ont pas suffi.

Arrêtés à un barrage routier monté par de faux policiers dans l'une des plus grandes avenues de la capitale, Fernando Marti et ses accompagnateurs ont été enlevés et séquestrés dans le sous-sol d'une maison.

Les Mexicains ont peur

Le corps du jeune homme a été retrouvé le 1er août dans le coffre d'une voiture, malgré le versement d'une rançon. Deux policiers de Mexico ont été arrêtés dans le cadre de l'enquête, dont un commandant tout juste promu qui serait membre d'un gang appelé La Flor (la fleur).

La réaction des autorités mexicaines n'a pour l'instant guère apaisé la population, que plusieurs associations invitent à manifester le 30 août contre l'insécurité et la violence.

«Tous ceux qui vont se faire arrêter par un barrage de la police (une pratique très courante au Mexique) vont penser à un dispositif de kidnapping et se demander s'il faut l'affronter, essayer de fuir ou tout simplement recommander leur âme au ciel», écrit José Carreno Carlon, éditorialiste d'El Universal.

Dans ce même quotidien, 80% des Mexicains ont par ailleurs avoué leur peur des autorités policières.