La chute de «dix tonnes de gravats de 20 mètres de haut, ça fait du dégât», commente l'eurodéputé Gérard Onesta résumant la frayeur rétroactive de ses pairs, une semaine après l'effondrement d'un faux-plafond dans l'hémicycle strasbourgeois désert.

L'accident, dans cette enceinte qui doit accueillir le 1er septembre une session du Parlement européen, est survenu le 7 août. Mais il a été gardé secret jusqu'à la diffusion mardi sur un site Internet de photos montrant les tonnes de staff et de métal tombées sur les fauteuils des eurodéputés.

Pour le vert Gérard Onesta, vice-président du PE en charge des questions immobilières, il faut faire du «déminage politique». Les eurodéputés hostiles aux sessions à Strasbourg «vont faire feu de tout bois» après cet incident, redoute-t-il. Le black-out observé n'arrange pas les choses, convient-il.

Une mobilisation s'est en tout cas mise en place rapidement à Paris et à Strasbourg pour permettre la tenue des deux sessions à l'agenda de septembre, du 1er au 4 puis du 22 au 25.

Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'État aux Affaires européennes, a annoncé la disponibilité de la France pour faciliter les travaux, qui consistent à remettre en état les plâtres du plafond mais aussi tout l'équipement audio et électrique logé à cet endroit. Le Parlement a missionné deux experts indépendants, le directeur du Centre scientifique et technique du bâtiment, Charles Baloche, et un ingénieur allemand.

Le sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), a fait mettre à disposition une entreprise qui travaille nuit et jour pour tenir le délai de fins de travaux, fixé au 26 août.

Après le passage d'une commission de sécurité, la Conférence des présidents décidera de tenir ou non la session, a expliqué M. Onesta.

En pleine présidence française de l'Union européenne, renoncer -pour raison de sécurité- à une session à Strasbourg au profit de Bruxelles aurait un effet désastreux, estiment des élus et des diplomates dans la capitale alsacienne.

L'accident a été attribué par des experts à des fixations en caoutchouc mal calibrées ou mal posées, qui auraient aussi pu mal vieillir depuis dix ans.

Le système déficient sera remplacé par un système d'accroches antivibratoires «dix fois plus costaud» et «de fils témoins qui donnent l'alarme s'ils cassent», veut rassurer M. Onesta.

Selon lui, si les délais sont tenus et si la commission de sécurité donne un avis favorable, «on aura le plafond le plus 'blindé' d'Europe».

Les eurodéputés favorables au «tout Bruxelles» vont arriver avec des «casques lourds» à la prochaine session, estime-t-il, se plaisant à préciser que le plafond de l'hémicycle bruxellois «fera aussi l'objet d'un contrôle poussé».

Le vice-président avait déjà été au coeur d'une bataille en 2006 entre le Parlement à la ville de Strasbourg à propos de loyers jugé trop élevés, une fronde alimentée durant des mois par les «anti-Strasbourg».

Une pétition menée par la parlementaire suédoise Cécilia Malmström avait réuni la même année un million de signatures contre la «coûteuse» transhumance, quatre jours chaque mois, des parlementaires de Bruxelles - leur lieu de travail - à Strasbourg.

Selon les traités européens, la métropole alsacienne est le siège du Parlement, un état de fait que seule une décision unanime des gouvernements des 27 serait en mesure de modifier.