Les pourparlers sur un partage du pouvoir au Zimbabwe devaient reprendre à Johannesburg en marge d'un sommet de l'Afrique australe ce week-end où le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans la crise, joue sa réputation.

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai et celui d'une faction dissidente, Arthur Mutambara, se retrouvent vendredi à Johannesburg pour des discussions décisives.

«J'ai bon espoir qu'ils vont arriver à quelque chose avant le sommet» de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui s'ouvre samedi, a déclaré à l'AFP le porte-parole de M. Mutambara, Edwin Mushoriwa.

Les négociations entre les trois parties n'avaient toutefois pas encore débuté vendredi en fin d'après-midi, selon le secrétaire général de M. Mutambara, Welshman Ncube, qui participe à ces pourparlers.

Le Zimbabwe est englué dans une crise sans précédent née de la défaite historique du régime aux élections générales du 29 mars, puis de la réélection controversée fin juin du chef de l'État, 84 ans, qui dirige le pays depuis l'indépendance en 1980.

Le président Mugabe, accompagné de ses négociateurs, les ministres Patrick Chinamasa et Nicholas Goche, a quitté vendredi Harare pour assister au sommet de la SADC, a indiqué la radio d'État. Selon une source diplomatique sud-africaine, il est arrivé en Afrique du Sud en milieu d'après-midi.

La présence de M. Mugabe à ce sommet est dénoncée par la puissante confédération syndicale sud-africaine, qui organise samedi une marche de protestation, et par le président botswanais Ian Khama, qui boycotte la réunion.

M. Khama conteste la légitimité de l'élection de son homologue zimbabwéen et sera représenté par son ministre des Affaires étrangères Phandu Skelemani.

Les opposants au président zimbabwéen, MM. Tsvangirai et Mutambara, étaient arrivés plus tôt dans la capitale économique sud-africaine.

La veille, il a fallu l'intervention du gouvernement sud-africain pour que les passeports de Morgan Tsvangirai et des membres de sa délégation, saisis par les autorités alors qu'ils partaient pour le sommet, leur soient rendus, selon la présidence à Pretoria.

Le président du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle le 29 mars, avait quitté mardi la table des négociations à Harare, où les tractations pour un partage du pouvoir s'étaient ouvertes dimanche sous l'égide du médiateur de la SADC, Thabo Mbeki.

M. Tsvangirai exige le contrôle de l'exécutif, clé des pourparlers, au nom de la «volonté du peuple» exprimée fin mars, qui a renversé la majorité au Parlement.

Mais le plus âgé des chefs d'État d'Afrique, réélu le 27 juin à l'issue d'un scrutin entaché de violences où il était seul en lice, n'entend pas céder ses prérogatives.

La pression s'accroît sur M. Tsvangirai. Le président Mugabe menace de convoquer le nouveau Parlement dès la semaine prochaine, ce qui entraînerait la prise de fonction d'un gouvernement, quel qu'il soit.

Mais l'intervention de la présidence sud-africaine pour que l'opposant puisse venir à Johannesburg illustre la volonté du médiateur de parvenir à un accord qui inclue les trois parties, ce que le président Mbeki n'a cessé de répéter depuis la suspension des pourparlers.

Le médiateur met en jeu sa crédibilité au sein de la SADC, profondément divisée par une crise qui menace la stabilité de la région, mais aussi sur la scène internationale. L'Occident s'impatiente de voir les résultats d'une diplomatie jugée conciliante vis-à-vis du régime Mugabe.