«Je suis une singularité statistique. Une fille noire, élevée dans le South Side (un quartier déshérité) de Chicago... Je ne suis absolument pas censée être là», dit Michelle Obama qui pourrait devenir la première First Lady noire si son mari, Barack Obama, devient président des États-Unis en novembre.

Ses partisans la présentent comme une nouvelle Jackie Kennedy. Elle en a la jeunesse et l'élégance. Effarouchés par son franc-parler et son humour caustique, ses adversaires l'accusent d'anti-américanisme, d'arrogance, voire de racisme.

Louée pour sa grâce et son intelligence par ses supporteurs, elle a été surnommée la «moitié amère» du sénateur de l'Illinois et «Madame récrimination» par les médias conservateurs.

Michelle Obama, 44 ans, avoue avoir eu des réticences quand son mari s'est lancé dans la course à la Maison Blanche. Elle voulait préserver leur vie de famille. Elle a accepté en posant ses conditions: que Malia, 10 ans, et Sasha, 7 ans, voient leur père une fois par semaine. Et qu'il arrête de fumer. Ce qu'il a fait.

Issue d'une famille modeste, Michelle Obama a grandi à Chicago, dans le South Side, le quartier le plus pauvre de la ville. Parents et enfants vivaient à quatre dans un deux-pièces. Son père, Frazer Robinson, employé de mairie, a travaillé toute sa vie, malgré une sclérose en plaques. Marian, sa mère, a élevé les enfants. Michelle a cependant réussi à être admise dans la prestigieuse université de Princeton en 1981.

Sa thèse de sociologie portait sur la division raciale: comment les étudiants noirs s'imprègnent de la «structure sociale et culturelle blanche» et s'identifient de moins en moins à leur communauté d'origine.

Élancée, mesurant 1,82 m, elle ne voulait pas faire de sport justement parce qu'elle est «grande, noire et athlétique», a raconté l'un de ses anciens professeur.

Après Princeton, elle est entrée à la faculté de droit de Harvard avant de devenir avocate dans un cabinet d'affaires de Chicago. C'est là qu'elle a rencontré celui qui allait devenir son mari. Le couple a raconté en détail leur rencontre. Elle a d'abord résisté. Un soir, il l'a emmenée au cinéma voir un film de Spike Lee.

Après leur mariage en 1992, elle a quitté le secteur privé pour travailler à la mairie de Chicago, puis à l'hôpital universitaire dont elle est maintenant la vice-présidente chargée des relations extérieures.

Mme Obama est devenue l'un des piliers de la campagne de son mari. Elle a donné des centaines d'interviews à la presse américaine et s'adresse avec sa voix rauque à des foules considérables.

Des médias - ainsi que Cindy McCain, l'épouse du candidat républicain- ont mis son patriotisme en doute lorsqu'elle avait déclaré en février devant une foule d'électeurs: «Pour la première fois de ma vie d'adulte, je suis réellement fière de mon pays».

«Evidemment j'aime mon pays (..) et nulle part ailleurs qu'en Amérique mon histoire n'aurait pu être possible», a expliqué plus tard Mme Obama qui a trouvé un soutien de poids en la personne de Laura Bush, la femme du président George W. Bush, qui ne tarit pas d'éloges sur elle.

La manière dont elle a fait savoir qu'elle n'était pas impressionnée par son candidat de mari qui «ronfle et a mauvaise haleine le matin» ou est incapable de «mettre ses chaussettes au linge sale» n'a pas toujours été appréciée.

«Je n'ai pas la langue dans ma poche. Je taquine mon mari. Il est tout à fait capable de gérer une femme forte. C'est l'une des raisons pour lesquelles il est capable d'être président», a-t-elle répondu à ceux que ces remarques avaient choqué.

Elle-même ne se voit pas jouer un rôle prééminent à la Maison Blanche. Je veux être la «maman en chef», a-t-elle affirmé récemment. Avec Barack «nous parlons de tout, mais je ne suis pas son conseiller politique. Je suis sa femme».