Plus d'un million de personnes traumatisées par Katrina en 2005 fuyaient dimanche La Nouvelle-Orléans à l'approche de l'ouragan meurtrier Gustav qui s'apprêtait à balayer la côte sud des États-Unis après avoir durement frappé Cuba.

Après avoir causé de nombreux dégâts sur l'ouest de Cuba, l'ouragan Gustav poursuivait inexorablement sa route à l'intérieur du golfe du Mexique, riche en pétrole, vers les Etats côtiers du sud (Louisiane, Texas, Alabama, Mississipi), où l'état d'urgence a été décrété, et pourrait atteindre la Louisiane dès lundi à la mi-journée.

Le maire de la Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, a ordonné l'évacuation de la population face à la menace de la «tempête du siècle» et d'une catastrophe pire que celle provoquée par Katrina il y a trois ans. Quelque 1800 personnes avaient alors péri en Louisiane et dans les Etats voisins et une grande partie de La Nouvelle-Orléans avait été ensevelie sous les eaux.

Le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal a annoncé dimanche que «plus d'un million de personnes» étaient en train de fuir devant Gustav. Les autoroutes étaient engorgées depuis l'aube aux sorties de la ville.

«Quittez la ville!», a exhorté le président du district de Jefferson, Aaron Broussard. «Ayez le courage de vous séparer des choses matérielles. Vous ne pouvez pas vous protéger de ce que Mère nature va faire fondre sur nous», a-t-il lancé à ses administrés. Le district de Jefferson est particulièrement exposé aux inondations, qui pourraient atteindre un niveau d'environ 3 mètres, en cas de ruptures des digues, selon les experts.

Si l'intensité de Gustav, redevenu dans la nuit de samedi à dimanche un ouragan de catégorie 3, a légèrement diminué, les rafales de vent atteignaient encore 205 km/h dimanche. Et le Centre national des ouragans (NHC) a averti que Gustav pourrait se renforcer au-dessus du golfe du Mexique d'ici à dimanche soir.

Gustav est entré dimanche dans le Golfe du Mexique où se concentre un quart de la production américaine de brut et 11% de celle de gaz naturel, risquant de faire flamber les cours de l'or noir. Les principales compagnies BP, ConocoPhillips et Shell ont évacué leur personnel des plate-formes pétrolières et la production a en partie été interrompue.

«Si une plate-forme importante en offshore profond est détruite, vous pouvez parler d'une perte d'un millard de dollars», a relevé Satish Nagarajaiah, une ingénieure.

La Maison Blanche a annoncé que ni le président George W. Bush, ni son vice-président, ne se rendrait pas, comme cela était prévu, à la Convention républicaine lundi, en raison de l'arrivée Gustav. La mauvaise gestion de l'administration Bush lors de Katrina avait été une catastrophe politique pour le président.

Le candidat républicain à la présidentielle John McCain a modifié son programme de campagne pour se rendre dans le Mississipi dimanche et vérifier les préparatifs en vue de l'arrivée de Gustav.

Le redoutable Gustav a laissé derrière lui jusqu'à présent au moins 66 morts et dix disparus en Haïti, 7 en Jamaïque (où le bilan était auparavant de 11 morts) et 8 en République dominicaine. Seuls des blessés et aucun mort n'était pour l'instant dénombré à Cuba mais l'ouest de l'île, balayé samedi par des rafales de 340 km/h, a subi des dégâts considérables: toits arrachés, maisons effondrées, électricité coupée.