Les pourparlers sur un partage du pouvoir au Zimbabwe semblaient ce week-end au point mort, même si personne n'osait officiellement l'avouer après une ultime tentative vendredi du médiateur sud-africain Thabo Mbeki pour relancer le dialogue entre pouvoir et opposition.

Suspendues depuis le 12 août, ces négociations ont officiellement repris vendredi, selon la présidence sud-africaine, certifiant que «le processus de dialogue se poursuivait». Mais le parti au pouvoir et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) ont simplement évoqué des «entretiens».

Le président Mbeki les a rencontrés séparément à Pretoria pour «savoir quel chemin prendre», selon le ministre de la Justice Patrick Chinamasa, cité dans le journal Sunday Mail. Les deux délégations sont ensuite rentrées au Zimbabwe, dans l'attente de déclarations du médiateur.

«Nous restons confiants, tout en étant prudents, sur le fait que le dialogue aboutira», a déclaré dimanche à l'AFP le porte-parole du MDC Nelson Chamisa, qui en appelle au soutien de l'Afrique australe et de l'Union africaine.

Mais le mutisme obstiné dont ont fait preuve samedi les gouvernements sud-africain et zimbabwéen ainsi que l'opposition, montre que la situation est tendue.

«Les pourparlers sont morts depuis longtemps. Il n'y a rien qui puisse sortir de ces consultations. Ces hommes politiques devraient tout simplement avouer publiquement qu'ils n'ont pas réussi à parvenir à un accord», estime l'analyste politique zimbabwéen Lovemore Madhuku.

Une source proche de l'opposition fait preuve du même pessimisme, estimant que «les chances sont de plus en plus minces».

Ces pourparlers visent à sortir le Zimbabwe d'une paralysie politique née de la défaite historique du régime aux élections générales fin mars et de la réélection contestée du président Robert Mugabe le 27 juin. Ils achoppent sur le contrôle de l'exécutif, point de discorde majeur à l'issue de trois semaines de négociations.

L'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) campe sur ses positions, outrée par une nouvelle proposition du MDC de coprésider le gouvernement avec M. Mugabe, ce que l'opposition n'a pas confirmé.

«Tout ce qui reste à faire pour le MDC, c'est de signer l'accord ou de le retenir tant qu'il le veut, sachant pertinemment que la formation d'un gouvernement se fera sans encombre», souligne un responsable de la Zanu-PF, citée samedi par The Herald.

Le président Mugabe, 84 ans, a annoncé qu'il formerait «prochainement» un gouvernement après avoir officiellement ouvert le Parlement en début de semaine, au grand dam du MDC, qui en a remporté la présidence et hué le chef de l'État en signe de protestation.

«Les membres du parti au pouvoir pensaient qu'un accord avec le MDC permettrait de résoudre la crise économique. C'est au MDC de trouver une sortie après l'échec des pourparlers. Il pense que les pressions économiques vont pousser la Zanu-PF vers la table des négociations mais ce n'est pas assez», souligne M. Madhuku.

Au Zimbabwe, les denrées se font de plus en plus rares, les coupures d'électricité sont constantes et l'hyperinflation a atteint en juin un taux annuel officiel de 11,2 millions de pour cent.

Vendredi, le régime a mis un terme à la suspension de l'activité des organisations humanitaires dans ce pays où 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Un soulagement pour plus de quatre millions de Zimbabwéens.

Le MDC «espère (...) que la nourriture sera distribuée de façon non-partisane» et rapporte de nouveaux cas de pression. Sur ses cinq députés arrêtés en début de semaine, un seul a été libéré sous caution et les violences se poursuivent, portant à près de 200 le nombre de personnes tuées depuis les élections générales fin mars.