Israël a transféré lundi en Cisjordanie près de 90 membres du parti palestinien Fatah réfugiés sur son territoire après des heurts meurtriers à Gaza, où selon l'État hébreu, leur vie est en danger.

Selon un correspondant de l'AFP, deux bus blindés sont arrivés en fin de journée à Jéricho, où les fugitifs ont été remis aux autorités palestiniennes.

«L'armée israélienne et l'échelon politique ont pris la décision humanitaire de transférer à Jéricho 87 habitants du quartier Choujaïya à Gaza en raison des violences exercées par le Hamas, en coopération avec l'Autorité palestinienne», a affirmé le colonel Yoav Mordechaï, responsable pour l'armée israélienne des affaires civiles en Cisjordanie.

«Nous avons parlé avec eux dans le bus et nous leur avons dit que Jéricho et la Cisjordanie sont différents de la bande de Gaza et que l'armée israélienne contrôle ces régions. Ils doivent respecter la loi», a-t-il ajouté.

Le colonel Mordechaï a ensuite précisé que ces fugitifs «sont en majorité des jeunes, âgés de 14 à 20 ans, qui resteront à Jéricho pour une durée indéfinie, et que leurs familles ne pourront pas rejoindre».

Environ 200 membres du Fatah, dont des responsables politiques, ont fui samedi Gaza après des combats entre les forces du mouvement islamiste Hamas et le clan de la famille Hillès, lié au groupe rival Fatah.

Le Hamas a accusé ce clan d'être responsable d'un attentat à la bombe, le 25 juillet à Gaza, qui a tué cinq membres de sa branche armée et une fillette.

«Nous ne souhaitons la fuite de personne et nous avons dit que quiconque n'était pas impliqué (dans les violences à Gaza) serait libéré», a indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement du Hamas, Taher al-Nounou. «Malheureusement, ceux-ci ont choisi une fuite honteuse et se placent eux-mêmes en position d'accusés.»

M. Nounou a indiqué que le chef du Fatah dans la bande de Gaza, Zakaria al-Agha, avait été libéré après quatre jours de détention.

«Dimanche, après une requête du président Abbas et du premier ministre Salam Fayyad qui ont assumé la responsabilité de leur sécurité, l'armée (israélienne) a commencé à faire rentrer les fugitifs du Fatah dans Gaza», a indiqué un communiqué du ministère de la Défense et de l'armée.

«Les autorités israéliennes ont interrompu le processus quand elles ont reçu des informations selon lesquelles ils (les fugitifs) étaient arrêtés par le Hamas et que leur vie était en danger», a ajouté le communiqué.

Vingt-deux membres du Fatah blessés dans les combats ont été soignés dans trois hôpitaux du sud d'Israël, parmi lesquels le dirigeant Ahmed Hillès, selon des sources palestiniennes.

Un responsable des services de sécurité israélien a indiqué que 16 fugitifs, hospitalisés, resteraient en Israël jusqu'à leur rétablissement, que 13 autres étaient détenus pour interrogatoire par les services de sécurité israéliens et que 60 membres du Fatah ont été renvoyés à Gaza, où certains ont été immédiatement arrêtés par le Hamas pour être interrogés.

Dimanche, selon le mouvement islamiste, 35 fugitifs avaient regagné Gaza, 10 d'entre eux avaient été arrêtés.

Selon des sources hospitalières palestiniennes, les heurts de samedi ont fait 9 morts et 90 blessés, selon des groupes de défense des droits de l'Homme palestiniens le bilan s'élève à 11 morts et plus de 100 blessés.

Par ailleurs, l'université Bir Zeit, près de Ramallah, a été fermée lundi à la suite de heurts entre étudiants pro-Fatah et pro-Hamas.

Le Fatah à Gaza a accusé dans un communiqué le Hamas de poursuivre «les arrestations politiques» en dépit des ordres données par M. Abbas de libérer tous les membres du Hamas interpellées depuis une semaine en Cisjordanie.

Selon le porte-parole de la police du Hamas, Islam Chahwane, 200 personnes ont été arrêtées par le Hamas après les combats, 100 ont été depuis relâchées.