Le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans les négociations pour un partage du pouvoir au Zimbabwe, était attendu samedi à Harare tandis que se multipliaient les signes positifs sur l'avancée des pourparlers.

Le quotidien d'État zimbabwéen The Herald, voix du régime, adoptait ainsi un ton conciliant inhabituel vis-à-vis de l'opposition, évoquant un «un héritage commun» sur lequel bâtir l'avenir du pays.

«Le dialogue (en cours depuis trois semaines) démontre que nous partageons un héritage commun et qu'il est dans notre intérêt de préserver et de construire sur cet héritage», affirmait samedi le Herald dans un éditorial.

«C'est dans cet esprit que le dialogue en cours entre la Zanu-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique, parti au pouvoir) et les deux factions du MDC (Mouvement pour le changement démocratique, opposition) doit être apprécié par chaque Zimbabwéen», ajoutait le journal.

Le porte-parole du chef de l'État Robert Mugabe a quant à lui qualifié d'«étape importante» la visite de président sud-africain, médiateur de l'Afrique australe dans la crise née de l'élection présidentielle du 27 juin.

M. Mbeki «va rencontrer les trois principaux intervenants pour les informer des derniers progrès enregistrés» dans les pourparlers en cours près de Pretoria «et pour les consulter sur la façon de faire avancer davantage le dialogue», a déclaré au Herald le porte-parole, George Charamba.

Aucune information n'était disponible sur le schéma de ces entretiens, notamment sur le point de savoir si le président Mugabe rencontrerait à cette occasion le leader du MDC, Morgan Tsvangirai, et le chef d'une faction dissidente du parti d'opposition, Arthur Mutambara.

Ils s'étaient publiquement retrouvés pour la première fois en 10 ans le 21 juillet à Harare, et s'étaient engagés à négocier un accord de partage de pouvoir afin de sortir le pays de la paralysie.

Le plus vieux chef d'État d'Afrique, 84 ans dont 28 au pouvoir, a été réélu le 27 juin à l'issue d'un scrutin boycotté par l'opposition et entaché de violences. Le MDC avait enregistré une victoire historique lors des élections générales du 29 mars, prenant notamment le contrôle de la Chambre des députés.

Les médias sud-africains évoquent depuis plusieurs jours un accord proche, qui verrait Mugabe rester chef de l'État et Tsvangirai prendre les fonctions de Premier ministre.

Les partisans du pouvoir en place seraient amnistiés des violences commises depuis les années 1980 avec le massacre de milliers de Ndebele, l'ethnie minoritaire qui vit dans le sud du pays, jusqu'aux viols et meurtres plus récents de partisans du MDC.

Selon les mêmes sources, le principal point d'achoppement porterait sur la durée d'un tel gouvernement d'union avant l'organisation d'un nouveau scrutin, le régime souhaitant une transition de cinq ans et l'opposition préférant la limiter à moins de deux ans.

Des informations que Charamba avait toutefois démenties jeudi, les taxant de «totales balivernes». Un tel accord constituerait la seule voie pour sortir de la crise actuelle, estiment les analystes, soulignant qu'il serait impossible d'écarter totalement du pouvoir le vieux président, héros de la lutte pour l'indépendance de l'ancienne Rhodésie du Sud britannique.

Mais le régime est lui aussi acculé à des concessions, notamment en raison de l'effondrement de l'économie, avec une inflation atteignant des millions de pour cent par an et qui sape le traditionnel soutien de la police et des forces armées.

C'est la mise en oeuvre d'un tel mariage forcé qui s'avèrera déterminante pour Mbeki, très critiqué, notamment par l'Occident, pour sa diplomatie conciliante vis-à-vis de Mugabe. Le président sud-africain arrive en fin de mandat en 2009.