Magomed Evloïev, propriétaire d'un site d'information très critique à l'égard du pouvoir ingouche, est décédé dimanche en Ingouchie (Caucase russe), à la suite d'un incident dans une voiture de police au cours duquel il a été blessé à la tête, a annoncé le parquet russe.

«Des vérifications sont en cours sur la mort d'Evloïev, à la suite desquelles il sera décidé de l'éventuelle ouverture d'une enquête», a déclaré Vladimir Markine, responsable du comité d'enquête du parquet, cité par des médias russes.

Selon lui, un «incident» est survenu dans la voiture de police au moment où M. Evloïev, propriétaire du site ingushetiya.ru, était amené au poste.

«Au cours de cet incident, il a été blessé à la tête par une arme à feu et il est mort à l'hôpital», a-t-il poursuivi.

Magomed Evloïev avait auparavant été interpellé dimanche à l'aéroport de Nazran, principale ville d'Ingouchie, à la descente d'un avion également emprunté par le président ingouche Mourat Ziazikov, a raconté sur la radio Echo de Moscou, un opposant ingouche, Magomad Khazbiev.

Le président a été accueilli «par son cortège, suivi de celui du ministre de l'Intérieur». Ces sont des personnes faisant partie de ce dernier qui ont «arrêté Evloïev à sa descente de l'avion», a déclaré M. Khazbiev.

Ingushetiya.ru, un site très populaire en Ingouchie et farouchement opposé au président Ziazikov, a fait à plusieurs reprises l'objet de menaces.

La rédactrice en chef de ce site, Rosa Malsagova, avait déclaré le 12 août qu'elle s'apprêtait à demander «l'asile politique en France».

La justice russe a ordonné le 6 juin la fermeture du site Ingushetiya.ru, accusé de relayer des informations à caractère «extrémiste» en vertu d'une nouvelle loi très controversée, critiquée comme étant un moyen de faire taire l'opposition.

Ce site d'information en ligne avait déjà été bloqué fin 2007, après avoir diffusé un appel à manifester contre les autorités. Des poursuites judiciaires visant à sa fermeture avaient été ouvertes.

L'ONG russe de défense des droits de l'homme Memorial a récemment dénoncé une «dégradation catastrophique» de la situation en Ingouchie, et notamment le souci des autorités de réduire au silence toute voix discordante.