Le maire de Paris Bertrand Delanoë s'est porté candidat mardi à la direction du Parti socialiste français contre sa rivale Ségolène Royal, lançant une bataille qui s'annonce farouche pour le contrôle, en novembre, d'une formation déchirée par les rivalités.

La candidature de M. Delanoë ne faisait guère de doute au sein du premier parti d'opposition, en plein brouillard et en panne de stratégie face au président de droite Nicolas Sarkozy.

M. Delanoë, 58 ans, l'a officialisée dans un entretien au quotidien Le Monde, trois jours avant la traditionnelle «université d'été» du PS à La Rochelle (ouest) qui marquera la rentrée politique des socialistes.

«J'accepterai évidemment la première tâche de militant, si les socialistes me la confient», a déclaré M. Delanoë.

L'actuel premier secrétaire François Hollande, ex-compagnon de Ségolène Royal, quittera son poste lors du congrès de Reims (est) du 14 au 16 novembre.

Pour lui succéder, M. Delanoë prône une «orientation claire, c'est-à-dire réformiste, européenne, écologiste» pour le PS, avec comme «ambition» de gagner la présidentielle de 2012. Tout en affirmant que le sujet de la candidature socialiste à ce scrutin ne se posera... qu'en 2011.

Jusqu'à présent, parmi les «présidentiables», seule Mme Royal, nettement battue en 2007 par M. Sarkozy, avait annoncé qu'elle briguerait la sucession de François Hollande. Qui caresse toujours l'idée de se présenter à la présidentielle en 2012, même s'il passe la main à la tête du PS.

Le maire de Paris apparaît toujours comme le meilleur prétendant (avec 27%) pour lui succéder aux yeux des Français, selon un récent sondage, largement devant Mme Royal (18%) mais chez les sympathisants socialistes, l'écart se rétrécit (29%-27%).

Dans son interview au Monde, M. Delanoë se pose en opposant à Nicolas Sarkozy, mais «pas au lance-flammes», selon son entourage.

«Sans démagogie, nous devons proposer un autre chemin aux Français, pour redresser les finances publiques et relancer l'investissement», a dit M. Delanoë alors que la dégradation de la situation économique inquiète de plus en plus les Français.

Mais le parti dont M. Delanoë veut prendre les rênes est largement perçu comme «inaudible» par l'opinion. Si le PS a remporté les municipales de mars dernier, il n'a pas mené sa reconstruction et n'apparaît toujours pas comme porteur d'une alternative crédible à la droite.

Le parti hésite toujours sur sa stratégie, entre rapprochement avec les centristes ou ligne plus à gauche, après avoir perdu les trois dernières présidentielles depuis 1995.

M. Delanoë se qualifie de «socialiste et libéral», ce qui lui a valu notamment les critiques de l'aile gauche du parti. Il cherche à rassembler les socialistes, tout en voulant apparaître comme au dessus de la «logique toxique des petites combinaisons» qu'il a dit rejeter mardi.

Car les manoeuvres d'appareil battent leur plein pour le congrès de Reims. D'autres responsables sont sur les rangs, comme Pierre Moscovici, proche du patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, qui vient de se porter candidat, ou l'ex-ministre Martine Aubry.

Mme Royal, qui rêve de revanche en 2012, prépare elle une grande réunion de ses sympathisants fin septembre à Paris.

Les socialistes «sont plus que jamais englués dans les batailles d'égo, de personnalités, de courants, de jeux tactiques», notait mardi le Monde.

M. Delanoë, largement réélu maire en mars, qui est un des premiers responsables politiques à avoir déclaré son homosexualité en France, a bâti une partie de son image sur ses initiatives médiatiques pour donner un visage plus moderne à Paris, comme Vélib', un système de location de vélos en libre service qui rencontre un grand succès.