Une brutale plongée de 7500 mètres, des passagers croyant qu'ils «allaient mourir»: un Boeing 737 de la compagnie à bas coût Ryanair s'est posé en urgence lundi soir en France après une dépressurisation de sa cabine, six jours après le crash meurtrier de Madrid.

Seize personnes ont été brièvement hospitalisées pour des problèmes auditifs à la suite de l'atterrissage en urgence sur l'aéroport de Limoges (sud-ouest) de l'avion, qui transportait 168 passagers.

L'appareil, un Boeing 737, qui avait quitté le Royaume-Uni pour l'Espagne, volait à une altitude de 10 000 mètres lorsqu'il a dû descendre brutalement en quelques minutes afin d'atterrir.

«Par mesure de précaution, le capitaine a fait descendre l'avion et l'a détourné vers l'aéroport de Limoges vers 23h30 locales (17h30 HAE)», a indiqué une porte-parole de la compagnie irlandaise.

À bord, parmi les passagers -141 Britanniques et 26 Espagnols- certains ont cru que leur dernière heure était arrivée.

«Des gens croyaient qu'ils allaient mourir, c'était terrifiant», a dit Pen Hadow, un explorateur polaire.

«J'ai envoyé un texto à ma mère pour lui dire: «je t'aime et on est en train de plonger», a raconté à l'AFP, à Limoges, Charlotte Thorthon, 22 ans, étudiante en médecine de Southampton (GB).

«Je l'ai rappelée une demi-heure plus tard. Elle n'arrivait pas à croire que tout allait bien», a-t-elle ajouté.

Richard et Sarah Bailey, qui se rendaient en vacances en Espagne avec leur fils de 5 ans, Stephen, ont eu «la peur de leur vie». Quelques heures après l'incident, ils affirmaient être «heureux d'être en vie» et «sur la terre ferme».

«Ce qui était effrayant c'est que personne ne nous a expliqué ce qui se passait, on nous a juste dit qu'il y avait un problème de pressurisation de la cabine. On ne savait pas comment on allait atterrir», a témoigné Charlotte Thorthon.

«J'entendu un grand bruit d'air, les masques sont tombés, j'ai essayé de respirer dans le masque mais ça n'a pas marché, il n'y avait pas d'oxygène», a expliqué Pen Hadow.

Un témoignage contredit par le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, qui a assuré sur la radio BBC 4 que les procédures de sécurité avaient été respectées.

«Tout le monde à bord, passagers et équipage, a dû enfiler les masques à oxygène et l'appareil a dû descendre jusqu'à 8000 pieds et se détourner vers l'aéroport disponible le plus proche», a-t-il déclaré, précisant que tous les masques à oxygène étaient en état de fonctionnement.

L'origine de l'incident était inconnue mardi à la mi-journée. La compagnie a cependant dépêché un ingénieur à Limoges afin d'examiner l'appareil alors le Bureau d'Enquête et d'Analyses (BEA) --organisme officiel français chargé des enquêtes techniques sur les accidents et incidents d'aviation civile -- a également envoyé un expert.

Selon la police française, le Boeing 737, qui assurait la liaison Bristol-Barcelone-Girone, n'a pas laissé apparaître de défaillance particulière.

Vers 3h30 (21h30 HAE) mardi, un avion du même type, affecté par Ryanair depuis l'aéroport de Bristol, est reparti avec 127 passagers à son bord.

Les autres touristes, qui ne souhaitaient pas réembarquer à la suite de l'incident, sont repartis mardi à bord de deux bus -dont l'un réservé à un groupe d'adolescents espagnols qui revenaient d'un séjour linguistique à Londres- ou par leurs propres moyens.

Cet incident est intervenu six jours après la catastrophe de Madrid, où 154 personnes ont été tuées lorsqu'un avion de la compagnie aérienne espagnole Spanair s'est embrasé au décollage.