Le président russe Dmitri Medvedev a déclaré lundi que la Russie était prête à aller jusqu'à une «rupture des relations» avec l'OTAN si l'Alliance atlantique ne veut plus coopérer.

«L'OTAN a plus intérêt à une coopération que la Russie. S'ils ne veulent pas d'une coopération, cela n'aura rien de terrible pour nous», a-t-il dit, cité par les agences Ria Novosti et Itar-Tass, en recevant le représentant de la Russie auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, à Sotchi (sud).

«Nous prendrons les décisions (qui s'imposent), jusqu'à la rupture (s'il le faut) des relations dans leur ensemble», a-t-il ajouté, soulignant toutefois que ce serait une décision difficile.

«Ces derniers temps, après le conflit armé en Ossétie du Sud provoqué par l'agression de la Géorgie, nos relations avec l'Alliance atlantique ne sont pas simples», a concédé M. Medvedev.

«On a assisté à une brusque dégradation des relations et nous n'en sommes pas coupables», a affirmé le président russe, accusant l'OTAN de pratiquer une politique du deux poids deux mesures et de «s'éloigner de l'esprit de partenariat».

«Nous voudrions des relations utiles et de partenaires, nous n'avons pas besoin de l'illusion d'un partenariat», a relevé M. Medvedev.

Moscou a décidé jeudi de «geler» sa coopération militaire avec l'OTAN, en réponse aux critiques par les pays membres de l'Alliance de son opération militaire en Géorgie.

Cette annonce est intervenue après que les 26 pays membres de l'Alliance ont sommé la Russie de tenir sa promesse de retirer ses troupes de Géorgie et ont décidé de suspendre les réunions de leur forum de coopération, le Conseil OTAN-Russie créé en 2002, tant qu'elle ne le ferait pas.

Moscou n'a toutefois pas suspendu le transit à travers le territoire russe de matériel de pays de l'Alliance atlantique à destination de l'Afghanistan, convenu dans le cadre d'un accord de coopération Russie-OTAN en avril.

«À ma connaissance, le transit de matériel des forces de l'OTAN en Afghanistan à travers le territoire russe n'a pas été interrompu. Nous n'avons pas l'intention d'entreprendre des démarches» en ce sens, a déclaré le chef d'état-major adjoint de l'armée russe, le général Anatoli Nogovitsyne, cité par l'agence Interfax.

Dans une déclaration commune du 19 août, les 26 pays membres avaient averti que l'OTAN ne pouvait pas «continuer comme si de rien n'était» ses relations avec Moscou.

Désireux de prouver leur soutien à la Géorgie, ils ont aussi annoncé la création d'une commission OTAN-Géorgie, chargée de superviser la coopération entre ce pays et l'Alliance atlantique. Elle doit mener à terme à l'intégration de cette ex-république soviétique à l'OTAN, comme l'Alliance l'a promis à Tbilissi en avril.

L'OTAN n'a cependant pris aucune décision pour accélérer le processus d'adhésion de la Géorgie, ce qui n'aurait pas manqué de susciter une vive réaction de Moscou.