L'espoir de régler prochainement la crise géorgienne au Conseil de sécurité de l'ONU s'est évanoui avec la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ont laissé entendre mardi deux diplomates occidentaux.

«En l'espace de trois semaines, la Russie est passée de la réaffirmation de l'intégrité territoriale de la Géorgie à l'utilisation de la force militaire pour en redessiner les frontières», a déploré l'ambassadeur de Grande-Bretagne, John Sawers.

«L'acte accompli par la Russie aujourd'hui place un obstacle énorme sur la voie d'une position commune au Conseil de sécurité», a-t-il dit à la presse.

M. Sawers faisait allusion aux efforts que sa délégation déployait depuis plusieurs jours, aux côtés des Français et des Américains, pour trouver un compromis avec la Russie sur les termes d'une résolution du Conseil visant à régler le conflit géorgien.

«Nous faisions des progrès mais franchement, l'intégrité territoriale devait être un élément essentiel» d'un éventuel accord, a-t-il précisé.

Toutes les résolutions adoptées dans le passé par le Conseil sur la Géorgie, où l'ONU maintient depuis 1993 une Mission d'observation, la Monug, soulignaient l'attachement du Conseil à l'intégrité territoriale du pays.

Mais depuis son opération militaire en Géorgie, Moscou affirmait qu'il fallait désormais tenir compte des nouvelles réalités sur le terrain et ne voulait pas qu'une future résolution mentionne l'intégrité territoriale de la Géorgie.

L'ambassadeur de France adjoint, Jean-Pierre Lacroix, a lui aussi affirmé que les négociations diplomatiques sur un projet de texte avaient avancé ces derniers jours.

Au sujet de l'intégrité territoriale, il a estimé que les Occidentaux étaient prêts à «trouver une formule leur permettant de réaffirmer leur position mais d'une manière qui pouvait emporter le consensus au sein du Conseil».

«Mais la décision russe rend beaucoup plus compliquée la poursuite de cette discussion», a-t-il ajouté.

Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré mardi avoir signé les décrets sur la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux territoires séparatistes géorgiens soutenus par Moscou.

Cette décision a été aussitôt condamnée par la Géorgie et les pays occidentaux, notamment par les États-Unis et l'Union européenne.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi regretté que les efforts pour trouver, au Conseil de sécurité, une solution à la crise en Géorgie puissent se trouver compliqués davantage par cette décision.

Il a exprimé la crainte qu'elle ait des répercussions sur la sécurité et la stabilité dans le Caucase.