La Russie a imposé dimanche un blocus maritime de la Géorgie et pris le contrôle de Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du sud, peu après que Tbilissi eut annoncé le retrait de ses forces de la quasi-totalité de cette région séparatiste pro-russe

Sur le plan diplomatique, la Géorgie a fait appel aux Etats-Unis et demandé à la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice «de servir de médiateur avec les Russes», a annoncé à l'AFP le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien Alexandre Lomaïa.

La Maison Blanche a averti la Russie que le conflit pourrait avoir un impact «important» sur ses relations à long terme avec les Etats-Unis et que la réaction russe au retrait géorgien, si celui-ci était confirmé, serait «un test».

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dont le pays préside l'Union européenne et qui se rend dimanche dans la région pour proposer une «sortie de crise», a appelé à «arrêter la tuerie», sur une chaîne de télévision française. L'UE a averti samedi qu'une poursuite des opérations militaires russes en Géorgie «affecterait» la relation UE-Russie.

Dimanche matin, la Géorgie a affirmé s'être retiré de «presque toute l'Ossétie du Sud en signe de bonne volonté et de notre volonté d'arrêter la confrontation militaire», selon une déclaration de M. Lomaïa.

Peu après, le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur, Chota Outiachvili, annonçait que «les forces russes occupent Tskhinvali», au coeur de la bataille entre Géorgiens et Russes. Information confirmée par un haut responsable de l'état-major russe, Anatoli Nogovitsyne, selon qui l'armée russe contrôle «la plus grande partie» de la capitale.

Le commandement russe a toutefois affirmé que les Géorgiens disposaient d'environ 7400 soldats, cent chars et de pièces d'artillerie dans la région de Tskhinvali.

Les forces géorgiennes ont «tiré méthodiquement sur Tskhinvali toute la nuit», a déclaré une porte-parole du gouvernement rebelle, Irina Gagloïeva, selon qui ces tirs ont fait près de 20 morts et 150 blessés.

Tskhinvali «est presque entièrement détruite. Les habitants se réfugient dans les sous-sols», a affirmé le gouvernement rebelle sur son site internet, en ajoutant: «des produits alimentaires de première nécessité manquent. Il n'y a ni gaz, ni électricité.»

Plus de deux mille personnes, «dans leur écrasante majorité des citoyens russes», ont péri en Ossétie du Sud depuis le début de l'offensive géorgienne, a affirmé Grigori Karassine, un vice-ministre russe des Affaires étrangères.

Moscou a envoyé des bâtiments de guerre vers les côtes géorgiennes afin d'instaurer un blocus maritime, pour empêcher «les armes et les autres livraisons militaires d'atteindre la Géorgie par mer», a indiqué une source au commandement de la Flotte russe, citée par l'agence Interfax.

Intervenant dans le conflit, l'Ukraine a menacé dimanche d'interdire aux navires de la Flotte russe de la mer Noire engagés contre la Géorgie de revenir à leur port d'attache ukrainien de Sébastopol.

Le ministre géorgien de la Réintégration, Temour Iakobachvili, a affirmé que la ville de Zougdidi, située dans l'ouest de la Géorgie, à proximité de la république séparatiste d'Abkhazie, était dimanche la cible de bombardements.

Les forces russes se dirigaient aussi vers le sud et les forces géorgiennes se sont positionnées pour défendre la ville de Gori, a affirmé le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien.

Selon le gouvernement géorgien, Moscou a envoyé 6.000 hommes en renfort en Ossétie du Sud et 4000 soldats russes ont débarqué de navires de guerre en Abkhazie, autre région indépendantiste géorgienne pro-russe.

Tbilissi a aussi accusé la Russie d'avoir intensifié dimanche ses bombardements aériens, attaquant un aéroport militaire proche de Tbilissi.

L'aviation russe a poursuivi dimanche ses bombardements dans les gorges de Kodori, seule partie de la république séparatiste pro-russe d'Abkhazie contrôlée par les Géorgiens, et a commencé à attaquer la zone de Zougdidi, dans l'ouest de la Géorgie, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur.

Toujours selon M. Lomaïa, la Russie a fait entrer en Ossétie du Sud, dans la nuit, «une centaine de pièces d'artillerie lourde» et massé «un grand nombre de véhicules blindés» près de la frontière russo-géorgienne, à 35 kilomètres de cette région indépendantiste.

Des couloirs humanitaires devaient être ouverts dimanche en Ossétie du Sud pour évacuer blessés et réfugiés, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassikne.

Durant sa visite, le ministre français des Affaires étrangères présentera un plan en trois points incluant le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie, une cessation immédiate des hostilités, et le rétablissement de la situation qui prévalait antérieurement sur le terrain.

Ce conflit entre la Géorgie et la Russie représente une «escalade» de violence «aux portes de l'Europe» qui «ne rappelle que trop» ceux qui ont ravagé les Balkans, a affirmé M. Kouchner dans un entretien au journal Le Parisien.

Signe de l'inquiétude de la communauté internationale, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a appelé samedi soir à la fin immédiate des hostilités.

«Le secrétaire général croit que pour que les négociations soient fructueuses, tous les contingents armés qui ne sont pas autorisés à être sur place par les accords respectifs sur l'Ossétie du Sud devraient quitter la zone de conflit», est-il écrit dans un communiqué.

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé à un cessez-le-feu «immédiat et inconditionnel» dans le Caucase lors d'un entretien téléphonique avec le président français Nicolas Sarkozy.

Le pape Benoît XVI a lui aussi appelé dimanche à «la fin immédiate des opérations militaires» et à la reprise des négociations.

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