Des milliers de personnes manifestaient vendredi dans le monde pour dénoncer les atteintes aux droits de l'Homme en Chine, alors qu'au moins 1400 exilés tibétains ont été arrêtés au Népal au moment de l'ouverture des jeux Olympiques à Pékin.

Avant la cérémonie d'ouverture, la mobilisation s'est intensifiée. Des milliers de personnes ont convergé vers la plupart des ambassades chinoises en Europe.

A Londres, environ 300 personnes manifestaient devant cette mission. Certaines portaient sur le front un bandeau rouge portant l'inscription «tué». Au milieu des nombreux drapeaux du Tibet et pancartes appelant à l'«arrêt du génocide en Chine», des manifestants attiraient l'attention sur la situation au Zimbabwe, au Darfour et en Birmanie.

A Vienne, une trentaine de personnes brandissaient devant la représentation diplomatique chinoise banderoles et drapeaux tibétains, tandis qu'à Prague, ils étaient une quarantaine à arborer des banderoles «Un monde, un rêve, Tibet libre».

A Berlin, quelques dizaines de militants de RSF ont manifesté devant la mission diplomatique où se tenait une importante réception au moment du coup d'envoi des JO.

Une délégation de RSF Espagne a tenté de remettre une lettre à l'ambassadeur de Chine. Ce dernier a refusé de recevoir cette «organisation ennemie du peuple chinois».

Quelque 200 manifestants tibétains, certains méconnaissables sous des bandages ensanglantés et les mains attachées par des chaînes, ont manifesté à Bruxelles près des principales institutions européennes.

A Amsterdam, de 100 à 400 manifestants, selon les sources, étaient sur le Dam, face au palais royal, en provenance du stade olympique à l'heure de l'ouverture des jeux.

Plus violemment, à Ankara, un manifestant a tenté de s'immoler devant l'ambassade de Chine lors d'un rassemblement de Chinois musulmans qui avait attiré quelque 300 personnes.

Au moins 150 bonzes tibétains en exil en Inde ont tenté vendredi d'entrer dans l'enceinte de l'ambassade de Chine à New Delhi.

Mais c'est au Népal que la mobilisation a été la plus importante. La police a annoncé l'arrestation d'au moins 1.400 exilés pour avoir manifesté près de la mission chinoise à Katmandou.

La capitale népalaise est le théâtre quasi quotidien de protestations contre Pékin depuis les émeutes de mars dans la capitale tibétaine, Lhassa.

Au Japon, la compagnie aérienne chinoise Air China a reçu des menaces par mél d'une explosion d'un de ses avions ou de précipiter des appareils sur le site des JO. Un de ses Boeing a été contraint de revenir se poser à Nagoya (ouest).

En France, la justice a annulé l'interdiction de manifester autour de l'ambassade de Chine à Paris, à la demande de RSF. Des centaines de personnes ont atteint la proximité du bâtiment alors qu'auparavant, son secrétaire général Robert Ménard dénonçait un blocage de l'accès à l'avenue George V où se situe la représentation.

Plus tôt, un Britannique a été interpellé à Hong Kong après avoir escaladé un pont et déployé deux banderoles en faveur des droits de l'Homme et de la démocratie. Matt Pearce, auteurs de plusieurs coups d'éclat du genre dans l'ancienne colonie britannique, s'est hissé sur une étroite poutrelle revêtu d'un costume de cheval, car les épreuves olympiques d'équitation se tiennent à Hong Kong.

Avant le coup d'envoi des XXIXe Olympiades, le président américain George W. Bush avait plaidé à nouveau plaidé pour la «liberté d'expression», en inaugurant la nouvelle ambassade des États-Unis à Pékin. «Nous croyons fermement que les sociétés qui permettent la liberté d'expression, des idées, tendent à être les plus prospères et les plus pacifiques», a-t-il déclaré.

Le président français Nicolas Sarkozy a jugé, vendredi à son arrivée Pékin, qu'il fallait «accompagner la Chine vers le respect des valeurs qui sont les nôtres». «On ne boycotte pas un quart de l'humanité», a-t-il ajouté, avant de rencontrer ses hôtes.

RSF a maintenu la pression en piratant vendredi matin une fréquence FM à Pékin. 12 heures piles avant l'ouverture des JO, une voix en français, doublée en anglais, a affirmé aux autorités que «Quelles que soient les mesures que vous prenez, vous n'arriverez pas à bout de la liberté de parole».

127 athlètes, dont une quarantaine participent aux Jeux, ont signé une lettre, initiée par l'ONG allemande «Sports for Peace», ouverte au président Hu Jintao appelant au respect des droits de l'Homme.