Le Cambodge et la Thaïlande ont encore renforcé leur présence militaire samedi au cinquième jour d'un face à face tendu à la frontière, en raison d'un conflit territorial autour de l'ancien temple hindou de Preah Vihear, ont indiqué des responsables.

Samedi, des représentants des ambassades des États-Unis, de Chine, de France et du Vietnam, partis en hélicoptère de Phnom Penh, sont arrivés sur le site pour constater la situation sur place, a indiqué sur le site le commandant en chef de la police militaire cambodgienne.

«Ils sont venus sur place car ils ne veulent pas assister à une confrontation entre les troupes des deux pays. Si un conflit armé se produisait, il serait inutile pour les deux pays», a déclaré le commandant Sao Sokha.

Des attachés militaires des ambassades de Chine et du Vietnam se sont joints aux diplomates français et américains qui ont inspecté le site et pris des photos.

Plus de 500 soldats thaïlandais et 1000 soldats cambodgiens sont positionnés de part et d'autre de la frontière, depuis que les autorités cambodgiennes ont accusé mardi des militaires thaïlandais de l'avoir franchie.

«Il y a environ 400 soldats thaïlandais positionnés dans une pagode et d'autres, je ne sais pas combien, ont pris position dans la jungle», a indiqué le général Chea Keo, qui dirige les forces cambodgiennes sur place.

Les responsables cambodgiens n'ont pas précisé le nombre de leurs soldats déployés, mais quelques centaines de policiers anti-émeute sont venus renforcer les quelque 1.000 militaires cambodgiens déjà sur place. Plus de 100 nouveaux soldats thaïlandais, s'ajoutant aux 400 présents, sont également arrivés vendredi.

Des responsables qualifiaient samedi la situation de «stable», alors que la tension était montée d'un cran vendredi après la publication d'une lettre du premier ministre thaïlandais Samak Sundarajev à son homologue Hun Sen, dans laquelle il écrivait que le renfort de troupes cambodgiennes avait contribué à «détériorer» la situation.

Appelant à une solution pacifique au conflit, M. Samak a également estimé que le Cambodge avait violé un accord entre les deux pays en établissant sur le site des constructions et en y faisant stationner des troupes.

Des représentants thaïlandais et cambodgiens ont convenu de se rencontrer lundi en Thaïlande pour tenter d'apaiser les tensions.

L'ancien temple hindou de Preah Vihear au Cambodge, situé à 400 kilomètres au nord de la capitale Phnom Penh, à la frontière de la Thaïlande, et récemment entré sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, est au centre d'un conflit territorial entre les deux pays.

Si les ruines de Preah Vihear relèvent de la souveraineté du Cambodge, selon un arrêt de la Cour internationale de justice de La Haye de juin 1962, une partie du territoire adjacent est revendiquée par les deux pays.

Ainsi le principal accès au temple se trouve en Thaïlande, mais chaque État met en avant des cartes géographiques différentes, laissant un territoire de 4,6 km2 au centre du litige.