La confusion entre les actions humanitaires et militaires met en danger les organisations non gouvernementales en Afghanistan, a affirmé samedi International Rescue Committee (IRC), peu après la mort de quatre de ses employés dans une attaque des talibans.

«La diminution progressive de l'espace dévolu à l'humanitaire et les problèmes liés à la confusion entre les buts militaires et humanitaires des étrangers présents ici» constitue une sérieuse préoccupation, a déclaré le président de IRC, George Rupp, au cours d'une conférence de presse.

La président de l'ONG, basée à New York et présente en Afghanistan depuis près de 20 ans, s'exprimait quatre jours après une attaque tragique visant des membres de son organisation.

Mercredi, trois femmes employées de IRC de nationalité canadienne et américaine et leur chauffeur afghan ont été tués dans une embuscade tendue par des talibans à moins de 50 km de Kaboul.

Les talibans avaient affirmé dans un premier temps que les victimes faisaient partie d'un convoi militaire. Mais ils ont ensuite expliqué que l'attaque était une action de représailles après la mort de nombreuses femmes et enfants afghans dans les bombardements des forces internationales.

Cette attaque, la plus meurtrière depuis la mort de cinq employés, dont trois expatriés, de Médecins sans frontières (MSF) en 2004, survient dans un contexte de violence accrue à l'égard des ONG, dont 23 membres, pour la plupart afghans, ont été tués en 2008.

«Le champ d'action des ONG a été restreint par l'empiètement des militaires», a précisé Ciaran Donnelly, responsable de l'organisation en Afghanistan.

«Il y a un vrai problème éthique et opérationnel. Nous sommes inquiets de longue date du développement d'un financement à vocation humanitaire par des acteurs militaires, comme les équipes de reconstruction provinciales», a-t-il ajouté.

Quelque 26 de ces équipes chargées de projets d'aide au développement et à la reconstruction, sont réparties à travers le pays, sous l'égide de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan.