L'accusation a requis jeudi à Guantanamo une peine qui ne soit «pas inférieure à 30 ans» contre Salim Hamdan, l'ancien chauffeur de ben Laden, à l'issue du premier d'une série de procès contre des accusés autrement plus sensibles.

Mercredi, les six jurés du tribunal militaire d'exception ont reconnu Salim Hamdan coupable de «soutien matériel au terrorisme» mais n'ont pas retenu l'inculpation de «complot».

Les audiences ont repris jeudi devant cette juridiction mise en place par les États-Unis pour juger les détenus de Guantanamo pour «crimes de guerre» dans le cadre de «la guerre contre le terrorisme».

Le procureur John Murphy a requis une peine de prison qui ne soit «pas inférieure à 30 ans», demandant au jury de faire «justice à toutes les victimes du soutien matériel au terrorisme» et d'envisager la prison à vie.

M. Hamdan, un Yéménite d'une quarantaine d'années, a passé plus de six ans derrière les barreaux du centre de détention de la base navale américaine de Guantanamo (Cuba).

Selon ses avocats, il devait prendre la parole jeudi, pour la première fois depuis le début de son procès, le 21 juillet.

La défense a cité mercredi une psychiatre qui a eu de multiples entretiens avec le détenu. Elle a dressé le portrait d'un homme «reconnaissant» à son employeur Oussama ben Laden de l'avoir traité avec respect et bien payé, mais peu intéressé par l'idéologie d'Al-Qaeda, une affirmation que l'accusation a immédiatement mise en doute.

Quelle que soit la sentence dont il écopera, M. Hamdan n'est pas prêt de sortir de Guantanamo.

Comme la majorité des 265 actuels détenus du camp-prison, il est en effet considéré comme un «combattant ennemi», un statut qui justifie pour les autorités américaines de le garder indéfiniment.

Reste à savoir comment l'administration traitera ce cas particulier et celui, probablement encore plus délicat, des prochains accusés à comparaître devant ce tribunal militaire exceptionnel qui constitue une première depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

«Hamdan n'était qu'un très petit poisson dans la mare d'Al-Qaeda», explique à l'AFP Jonathan Drimmer, un professeur de droit spécialisé dans le crime de guerre. Pour lui, M. Hamdan a «de manière évidente été choisi pour le premier procès-test afin de dénouer les noeuds de ce nouveau système juridique et que l'accusation puisse se préparer à des affaires plus ardues».

De fait, le prochain procès annoncé est celui du Canadien Omar Khadr, un symbole des défenseurs des droits de l'Homme à plusieurs titres. Dernier Occidental à rester détenu dans la prison, il n'avait que 15 ans lors de son arrestation en Afghanistan, accusé d'avoir tué un officier américain, une scène qui n'a pas eu de témoin direct.

Le Canada tout entier s'est ému le mois dernier lors de la diffusion d'une vidéo le montrant lors d'un interrogatoire avec des agents du renseignement canadien les suppliant de le sortir de Guantanamo et leur montrant ses blessures.

Il doit comparaître pour «meurtre», «tentative de meurtre», «complot», «soutien matériel au terrorisme» et «espionnage», des charges beaucoup plus lourdes que celles de l'ancien chauffeur de ben Laden, pour lesquelles il encourt également la prison à vie.

Mais le procès le plus attendu par l'administration Bush reste celui des «Gitmo five», les cinq hommes soupçonnés d'avoir participé aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont fait près de 3.000 victimes. L'accusation possède de solides preuves à leur encontre. Parmi eux, Khaled Cheik Mohammed, le cerveau revendiqué des attentats.

Lors d'audiences préliminaires en juin, ces cinq hommes qui encourent tous la peine de mort, ont récusé leurs avocats, laissant planer un doute sur la possibilité d'un procès équitable, dont la date quoiqu'il en soit n'a toujours pas été fixée.