Treize personnes ont été tuées mardi dans un attentat revendiqué par des talibans pakistanais contre un bus militaire dans le nord-ouest du Pakistan, près des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan où l'armée se bat contre des islamistes liés à Al-Qaeda.

Ce nouvel attentat survient en pleine crise politique dans cette puissance nucléaire militaire musulmane, depuis que le gouvernement a annoncé jeudi le lancement d'une procédure de destitution à l'encontre du président Pervez Musharraf.

La déflagration s'est produite au passage d'un bus de l'armée de l'air sur un pont à la périphérie de Peshawar, la grande cité pakistanaise à la porte de l'Afghanistan. Un photographe de l'AFP a pu voir l'épave du véhicule au fond d'un large cratère et des taches de sang maculant les lieux.

«Treize corps et quinze personnes blessées ont été acheminés» vers le principal hôpital de la ville, a déclaré le policier Khan Abbas. Une fillette de quatre ans et quatre officiers font partie des morts, a précisé la police.

«Un engin explosif improvisé a été placé sous le pont» et déclenché à distance, a indiqué Malik Naveed Khan, responsable de police de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP), dont Peshawar est la capitale. La bombe contenait 35 kg d'explosifs et un détonateur.

«Ces terroristes tuent des innocents, mais le gouvernement en viendra à bout», a assuré auprès de l'AFP le ministre provincial de l'Information, Mian Iftikhar Hussain.

L'attentat a été revendiqué par des talibans pakistanais, au moment où des combats acharnés opposent depuis le 6 août l'armée à des islamistes liés aux talibans afghans et à Al-Qaeda dans les zones tribales toutes proches.

«C'est une action de représailles aux opérations militaires dans le district tribal de Bajaur et si elles ne cessent pas, nous lancerons d'autres attaques», a prévenu au téléphone Maulvi Omar, du groupe Tehreek-e-Taliban Pakistan. «Vous ne pouvez pas imaginer les atrocités commises par le gouvernement contre des femmes et des enfants innocents», a-t-il dénoncé.

Dans cette région tribale de Bajaur, l'armée a affirmé avoir tué plus 170 combattants islamistes en une semaine.

Mais six civils ont également péri mardi lorsque des hélicoptères ont bombardé des repaires présumés de ces fondamentalistes armés dans ces zones difficiles d'accès, où les États-Unis pensent qu'Al-Qaeda et les talibans afghans ont reconstitué leurs forces avec le soutien de talibans pakistanais.

Le Pakistan est sous grosse pression, surtout de Washington, pour maîtriser les insurgés de ces zones tribales d'où ils lanceraient leurs attaques contre les forces internationales stationnées en Afghanistan.

Face aux offensives de l'armée, des talibans pakistanais ont perpétré de nombreux attentats dans leur pays (plus de 1.100 morts en plus d'un an), pour l'essentiel des attentats suicide. Ainsi un attentat a été perpétré le 6 juillet à Islamabad (19 tués) pour marquer le premier anniversaire de l'assaut meurtrier contre la Mosquée rouge d'Islamabad où étaient retranchés des fondamentalistes.

Al-Qaeda, par la voix de son chef Oussama ben Laden et son second, Ayman Al-Zawahiri, mais aussi les talibans pakistanais avaient juré de venger les «martyrs» de la Mosquée rouge et décrété le «jihad» contre le régime Musharraf et l'armée.

Le président Musharraf a par ailleurs dû essuyer un nouveau camouflet mardi avec l'adoption par l'assemblée de la NWFP d'une résolution de défiance à son égard, une étape supplémentaire dans la longue procédure de destitution amorcée contre lui.

M. Musharraf, allié des États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme», a fait savoir qu'il ne quitterait pas le pouvoir.