Les tractations politiques en Belgique pour régler la crise causée par la démission du premier ministre Yves Leterme butaient jeudi sur la question de la place de Bruxelles dans les négociations entre Flamands et francophones sur la réforme des institutions du pays.

Les consultations politiques menées par le roi Albert II depuis mardi s'orientent vers le maintien de M. Leterme à son poste, faute d'alternative, selon la plupart des médias belges, même si l'intéressé, sorti vainqueur des élections législatives de 2007, a déjà jeté l'éponge à trois reprises.

La réforme institutionnelle dans un sens confédéral réclamée par la Flandre, pour accroître son autonomie, paraît désormais acceptée dans son principe par les francophones des deux autres régions, la Wallonie et Bruxelles, qui a la particularité d'être géographiquement enclavée dans la Flandre.

Néanmoins, «les tractations calent pour le moment sur la question clé de la place de la Région de Bruxelles-Capitale dans les futures négociations», a indiqué à l'AFP un responsable francophone, alors que le roi Albert II continuait jeudi ses consultations avec les dirigeants politiques.

L'idée acceptée de tous est d'élargir les négociations institutionnelles aux représentants des entités territoriales et linguistiques --Régions et Communautés -- qui fondent l'État fédéral actuel, et de ne plus les laisser aux seuls chefs de partis.

Le parti chrétien-démocrate flamand CDV, auquel appartient M. Leterme, demande cependant que le débat se limite à un face-à-face entre les deux Communautés principales du pays --la flamande et la française.

Les Flamands craignent en effet d'être mis en minorité dans une discussion tripartite, où ils ne seraient représentés que par une seule région, la Flandre, tandis que les francophones -qui ne sont que 40% des 10,5 millions de Belges- le seraient par les deux autres régions, la Wallonie et Bruxelles.

Les francophones de leur côté jugent inacceptable l'absence de Bruxelles à la table des négociations, une ville-région d'un million d'habitants, officiellement bilingue mais à 85% francophone.

Les partis francophones exigent aussi que le gouvernement fédéral lui-même participe à cette sorte d'«états généraux» sur les futures institutions belges, à égalité» avec les régions et les communautés.

«Il ne faut pas nous prendre pour des couillons», a déclaré jeudi le ministre-président de Wallonie, le socialiste Rudy Demotte, reflétant l'atmosphère tendue.

«La manière dont on constituera le groupe de négociateurs risque de conditionner l'issue de leurs discussions», a souligné à l'AFP un responsable francophone proche des négociations.

«Limiter les discussions aux deux Communautés, ce serait déjà une victoire pour la Flandre avant même que les discussions sérieuses commencent», a-t-il estimé, affirmant que les partis francophones sont «unanimes» à rejeter cette perspective.

La Flandre n'a consenti qu'à contre coeur en 1988 à la création de la Région de Bruxelles-Capitale et les partis francophones la soupçonnent de vouloir revenir sur ce qui est pour eux un acquis.

L'affaire est compliquée par le fait que Bruxelles est la capitale de la Communauté et de la Région flamandes, qui ont fusionné, en plus d'être celle de la Communauté française, de la Belgique et de l'Europe.