Bangkok va révoquer les passeports diplomatiques de l'ex-premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra et de son épouse qui se sont enfuis en Grande-Bretagne alors qu'ils sont poursuivis pour corruption, a annoncé mercredi le ministre des Affaires étrangères.

«Le ministère des Affaires étrangères va annuler» ces documents, «dès que possible», une fois que certaines formalités judiciaires et administratives auront été remplies, a déclaré le chef de la diplomatie thaïlandaise, Tej Bunnag, à la presse à son retour d'un voyage au Laos.

M. Thaksin et son épouse, Pojaman, ne sont pas revenus comme prévu de la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques de Pékin et ne se sont pas présentés à une convocation lundi dernier de la Cour suprême qui a alors lancé des mandats d'arrêt contre eux.

La famille Shinawatra s'est réfugiée en Grande-Bretagne et M. Thaksin a justifié sa décision d'exil en dénonçant des «interférences» politiques dans un système judiciaire thaïlandais qui a perdu, selon lui, sa «neutralité».

Avant l'annonce de Tej Bunnag, le bureau du procureur général de Thaïlande a affirmé qu'il examinait la possibilité de demander à la Grande-Bretagne d'extrader M. Thaksin et son épouse.

«Jusqu'ici, il n'y a pas de demande formelle», a toutefois déclaré Sirisak Tiyapan, chef du département des Affaires internationales au bureau du procureur général.

Tej Bunnag a lui-même admis qu'une éventuelle procédure d'extradition était «difficile, longue et compliquée». La Grande-Bretagne «considère l'extradition comme un sujet sérieux», a-t-il dit.

M. Thaksin, qui possède le club de football anglais de Manchester City, a déjà passé 18 mois en exil après avoir été renversé par l'armée en 2006. Il avait fait son grand retour en Thaïlande en février dernier mais les procédures judiciaires engagées contre lui et son épouse se sont intensifiées depuis.

Après le putsch, les autorités avaient gelé des avoirs de la famille, estimés à plus de deux milliards de dollars, mais il n'a pas été précisé mercredi si une quelconque action serait entreprise pour saisir ces fonds, actuellement dans des banques thaïlandaises.