Les travailleurs d'entreprises étrangères sont maintenant visés par les attentats qui frappent l'Algérie. Au lendemain de l'attaque suicide qui a fait 42 morts à l'est d'Alger, 12 employés de la multinationale SNC-Lavalin ont été tués hier lors d'un attentat à la voiture piégée.

Vers 6h du matin, une voiture bourrée d'explosifs a explosé au passage d'un autobus qui conduisait des travailleurs de SNC-Lavalin à une usine de traitement d'eau, située à Acerdoun, en Algérie. La bombe a été déclenchée à distance.

Douze employés de SNC-Lavalin ont été tués et une quinzaine d'autres ont été blessés, a confirmé la société mondiale d'ingénierie et de construction dont le siège social se situe à Montréal. Le ministère des Affaires étrangères a confirmé qu'aucun ressortissant canadien n'a été blessé ou tué.

«Nous sommes tous très tristes, et absolument atterrés par cet incident, a réagi hier Gillian MacCormack, vice-présidente de relations publiques au Groupe SNC-Lavalin. À ma connaissance, c'est la première fois en 50 ans que nous sommes victimes d'un attentat terroriste.»

Ce dernier attentat s'inscrit dans la vague terroriste qui secoue l'Algérie: les attaques terroristes y ont particulièrement progressé depuis 2006, époque où des groupes locaux se sont associés au réseau Al-Qaeda. Le mouvement a revendiqué plusieurs attentats perpétrés au cours des deux dernières années.

Bien qu'aucun étranger n'ait été touché, le dernier attentat demeure symbolique, croit Azzédine Rakkah, directeur de recherche à la FNSP et au CERI, à Paris, et professeur invité à l'Université de Montréal.

«Les groupes terroristes d'Algérie lancent le message que les entreprises étrangères qui, d'une certaine manière, permettent le maintien du régime, doivent être combattues tout comme les forces algériennes», dit-il. D'ailleurs, M. Rakkah souligne que les entreprises étrangères préfèrent maintenant embaucher des Algériens pour éviter que de leurs ressortissants soient tués.

Lamine Foura, professeur et fondateur de Medias Maghreb, souligne pour sa part que l'attentat contre les employés de SNC-Lavalin aura un impact sur les entreprises étrangères établies en Algérie. «Plusieurs vont réviser leurs procédures de sécurité et les déplacements hors des grandes villes et hors des secteurs protégés seront davantage contrôlés», croit-il.

Par contre, les entreprises étrangères seront prêtes à prendre des risques, selon Lamine Foura. «Le contexte actuel en Algérie est caractérisé par la présence de plusieurs marchés lucratifs», souligne-t-il.

Par ailleurs, à peine une minute avant l'attentat à la voiture piégée contre l'autobus, une autre déflagration a visé une caserne militaire de la région de Bouira, au sud-est de la capitale. Quatre soldats ont été blessés, et la façade de la caserne a été presque entièrement détruite.

Le double attentat survient au lendemain de l'une des attaques les plus meurtrières commises ces dernières années. Au moins 43 personnes ont été tuées et 45 autres blessées mardi dans un attentat suicide à la voiture piégée qui a visé une école de la gendarmerie algérienne près de Boumerdes, à 45 km à l'est d'Alger.

L'Algérie a été touchée par six attentats de grande ampleur depuis le début du mois, ayant fait plus de 70 morts, selon la presse algérienne. La plupart de ces attaques ont été perpétrées dans une région située à l'est d'Alger et connue sous le nom de «quadrilatère de la mort». La zone s'étend de la capitale à Boumerdes, Bouira et Tizi-Ouzou.

«i>Avec Associated Press»/i>