Le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a assuré lundi le président George W. Bush de son engagement à combattre le terrorisme, alors que gouvernement américain s'alarme que son allié n'en fasse pas assez contre les incursions en Afghanistan et contre Al-Qaeda.

«Nous sommes résolus à combattre ces extrémistes et ces terroristes qui détruisent le monde et le rendent moins sûr», a dit M. Gilani à l'issue d'entretiens avec M. Bush dans une période de crispations entre Washington et Islamabad.

«Cette guerre est la nôtre. C'est une guerre contre le Pakistan», a dit M. Gilani lors de sa première visite à la Maison-Blanche depuis sa prise de fonctions en mars.

M. Bush a dit avoir entendu des «paroles fortes» de la part de son hôte quant à sa volonté de combattre l'extrémisme: «Nous avons parlé de la nécessité de faire en sorte que la frontière afghane soit la plus sûre possible; le Pakistan s'est très fortement engagé à cela».

M. Gilani n'a pas dit comment il tiendrait cet engagement.

Mais le communiqué commun publié après la rencontre affirme la volonté de renforcer les capacités de défense du Pakistan, par l'entraînement et l'équipement de son armée.

Les relations entre les États-Unis et le Pakistan, dont l'Amérique est le principal bailleur de fonds, sont soumises à rude épreuve depuis plusieurs mois, et plus encore depuis que le camp du président Pervez Musharraf, grand allié de M. Bush, a perdu les législatives.

La toute première inquiétude américaine, c'est de voir les zones pakistanaises frontalières de l'Afghanistan servir de base arrière à une insurrection revigorée qui vient d'infliger en juin aux forces internationales en Afghanistan leurs plus lourdes pertes depuis le début de la guerre en 2001.

C'est aussi de voir Al-Qaeda se reconstituer dans ces zones du nord-ouest du Pakistan où pourraient se cacher Oussama ben Laden et son numéro deux, Ayman al-Zawahiri.

L'administration Bush s'alarme des négociations que le gouvernement de M. Gilani a engagées avec les combattants islamistes dans les zones tribales.

La fragile coalition pakistanaise, elle, s'émeut des victimes causées sur son territoire par les frappes américaines et de tout ce que l'opinion peut considérer comme une atteinte à la souveraineté.

Ainsi six personnes ont été tuées lundi quand trois missiles, vraisemblablement tirés d'Afghanistan par les Américains, se sont abattus dans le village de Azam Warsak, ont rapporté des responsables pakistanais. Le spécialiste des armes chimiques d'Al-Qaeda, Midhat Mursi al-Sayid Umar, mais aussi trois jeunes garçons auraient été tués dans ces tirs.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, a refusé de s'exprimer sur ces frappes ou sur tous les aspects opérationnels de la lutte antiterroriste dans le secteur.

Devant la presse, M. Bush a cependant insisté sur le respect de la souveraineté pakistanaise.

Sa porte-parole a reconnu que les relations bilatérales étaient «tendues, dans le sens où nous travaillons ensemble pour essayer de mener le combat contre le terrorisme».

«Est-ce que le président (Bush) pense qu'ils en font assez ? Je pense que le président pense que nous devons tous continuer à faire plus, y compris nous», a-t-elle dit.

Mais elle a aussi souligné les «pressions exceptionnelles et complexes» exercées sur le gouvernement pakistanais dans les zones frontalières par les prix de l'essence et de la nourriture ou la forte présence de réfugiés afghans.

Elle a insisté sur la nécessité de l'aide américaine pour aider le Pakistan à réformer son économie ou à améliorer ses systèmes de santé ou d'éducation.

M. Bush a ainsi décidé d'octroyer une aide alimentaire de 115 millions de dollars au Pakistan sur deux ans.