Les tirs d'essai de missiles iraniens ont montré la portée limitée de l'arsenal de Téhéran et prouvent que le déploiement d'éléments du bouclier antimissile américain en Europe n'est pas nécessaire, a jugé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Ces essais «confirment que l'Iran a des missiles d'une portée allant jusqu'à 2000 kilomètres et (...) qu'un bouclier antimissile, avec ces paramètres, n'est pas nécessaire pour surveiller ou réagir à de telles menaces», a déclaré devant la presse le chef de la diplomatie russe.

Si les États-Unis continuent d'aller de l'avant dans leur projet d'installer leur nouveau système de défense antimissile en Europe, «ce seront des mesures unilatérales à un moment où ce qui est nécessaire, ce sont des mesures collectives, des accords collectifs», a poursuivi M. Lavrov après des discussions à Moscou avec son homologue jordanien Salah Bachir.

Le président russe Dmitri Medvedev avait agité le spectre de «mesures de rétorsion» mercredi, au lendemain de la signature d'un accord américano-tchèque sur le bouclier antimissile.

Dans le cadre de cet ambitieux projet, Washington et Prague ont signé mardi un accord prévoyant l'installation d'un radar ultrapuissant en République tchèque, auquel doivent s'ajouter des intercepteurs de missiles en Pologne. Le tout pour faire face aux menaces futures de l'Iran, assure Washington, tandis que la Russie considère que ce «bouclier», à proximité de son territoire, constituerait un danger pour sa propre sécurité.

Téhéran a, pour sa part, annoncé jeudi avoir procédé à de nouveaux essais de missiles dans le Golfe, au troisième jour de manoeuvres militaires qui ont fait monter d'un cran la tension avec les pays occidentaux.

«Nous considérons que toute question ayant trait à l'Iran devrait être réglée par la négociation, par des moyens politiques et diplomatiques (...) et pas par des menaces», a martelé vendredi M. Lavrov.

Washington a dit jeudi douter que l'Iran ait testé autant de missiles qu'annoncé, ajoutant que cela ne changeait rien au fait que la République islamique devait cesser ces actes de «provocation».

Le gouvernement de George W. Bush a tout à la fois affirmé sa volonté de régler «pacifiquement» la crise iranienne et prévenu Téhéran que les États-Unis défendraient Israël et leurs autres alliés dans cette région stratégique et qu'ils renforçaient leur dispositif de sécurité dans le Golfe.