L'ancien chauffeur de Oussama ben Laden, Salim Hamdan, devrait être fixé sur son sort cette semaine, à l'issue de quinze jours d'un procès-test devant un tribunal militaire d'exception à Guantanamo, avant celui, a priori cet automne, des instigateurs présumés du 11-Septembre.

Accusé de «complot» et de «soutien matériel au terrorisme», ce Yéménite âgé d'une quarantaine d'années risque la prison à vie après déjà plus de six ans d'enfermement dans la prison de Guantanamo (Cuba).

Ses avocats ont tenté de prouver que s'il a bien été un employé du chef terroriste entre 1998 et 2001, il n'était pas pour autant impliqué dans le combat du réseau islamiste Al-Qaïda et encore moins dans l'organisation des attentats.

Plusieurs témoins, y compris certains cités par l'accusation, ont expliqué que le chauffeur avait appris après coup que son employeur était à l'origine des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie (1998), de l'explosion du navire américain USS Cole (2000) et enfin des attentats du 11 septembre 2001.

Mais pour le gouvernement américain, qui a cité à comparaître une douzaine d'agents du FBI ayant interrogé M. Hamdan depuis son arrestation en novembre 2001 en Afghanistan, son passage par les camps d'entraînement d'Al-Qaïda et sa fidélité à Oussama ben Laden en font un militant convaincu qui de plus transportait des armes.

Plongés depuis quinze jours dans le quotidien du chef de l'organisation terroriste et dans celui des premiers interrogatoires qui ont suivi le renversement du régime des talibans en Afghanistan par une coalition menée par les Etats-Unis, les six jurés militaires, en uniformes, devraient rendre leur verdict lundi soir ou mardi, selon le Pentagone.

Mais quel que soit leur décision, l'objectif du gouvernement américain était surtout d'offrir à ses détracteurs une procédure crédible pour ce premier procès statuant sur des «crimes de guerre» depuis la seconde guerre mondiale.

L'administration Bush entend en effet ne pas achever son mandat sans avoir lavé en partie le centre de détention de Guantanamo des controverses qu'il a suscitées notamment en termes de justice et de droit de l'homme.

La trentaine de journalistes qui a assisté au début du procès a pu constater que celui-ci présentait les caractéristiques de n'importe quel procès civil dans une cour américaine traditionnelle.

Installé au milieu de ses avocats comme n'importe quel accusé aux Etats-Unis, M. Hamdan était ainsi libre de ses mouvements et plusieurs pièces à conviction présentées par l'accusation ont été rejetées par le président du tribunal, l'amiral Keith Allred, au motif qu'elles avaient été recueillies sous la contrainte.

Reste que lors des audiences préliminaires, l'accusé s'était plaint de violences et d'humiliations à son égard pendant ses interrogatoires notamment.

«Nous avons toujours répété que les commissions militaires tiendraient des audiences justes et équitables», a déclaré à l'AFP Jeffrey Gordon, porte-parole du Pentagone.

Déjà inculpés et risquant la peine de mort, cinq hommes soupçonnés d'avoir participé aux attentats du 11-Septembre devraient être jugés cet automne. Parmi eux, Khaled Cheikh Mohammed, cerveau revendiqué des attentats.

Le procès du jeune Omar Khadr, un citoyen canadien arrêté en Afghanistan alors qu'il n'avait que 15 ans, devrait également se tenir avant la fin de 2008.