«Lider maximo» pendant près d'un demi-siècle à Cuba, en retrait du pouvoir depuis deux ans pour des raisons de santé, Fidel Castro fête mercredi dans la discrétion ses 82 ans alors que ses compatriotes ont les yeux rivés sur les performances olympiques des leurs à Pékin.

Aucune cérémonie officielle n'est prévue pour marquer l'anniversaire de celui qui n'a plus fait aucune sortie publique depuis sa maladie il y a deux ans, mais qui reste influent par le biais de ses «réflexions» sur les événements mondiaux ou locaux, publiées fréquemment dans la presse locale.

Les problèmes de santé de Fidel Castro - une maladie intestinale qui reste secret d'État dans un pays où l'information est étroitement contrôlée - l'ont conduit à se retirer officiellement du pouvoir en février dernier pour laisser la place à son frère Raul, 77 ans.

Son anniversaire tombe cette année en pleine effervescence olympique, et beaucoup de Cubains se montrent plus préoccupés par les performances des leurs à Pékin, ou par leurs problèmes quotidiens, que par le jour de naissance du Commandante.

«Tous à Cuba savent que c'est son anniversaire, mais personne ne parle de cela. Nous le respectons pour son rôle historique et espérons que sa santé va s'améliorer. Mais les gens attendent le match de baseball contre le Japon. Si nous perdons, même lui aura un infarctus», lance une administratrice de 61 ans.

Fidel Castro est un passionné de sport, notamment de baseball, qui a été le thème de plusieurs de ses commentaires dans la presse. La crise entre la Russie et la Géorgie a aussi donné lieu à une sortie contre «l'aventurier» président géorgien Mikheil Saakachvili, soutenu, selon lui, par les États-Unis.

«Qu'est-ce que je fais», avait-il écrit en juin dernier. «Je rassemble des nouvelles et des données pour analyser les problèmes les plus urgents dans le monde. Je les transmets ensuite au Parti (communiste) et à sa direction».

«Le reste du temps, je lis, je m'informe, je parle au téléphone avec des collègues et je fais les exercices de réhabilitation qui m'ont été assignés», avait encore écrit celui qui fait, selon son frère Raul, deux heures d'exercice par jour et qui réside dans un lieu tenu secret dans les environs de La Havane.

Si aucune cérémonie officielle n'a lieu, de nombreux hommages doivent être rendus au Père de la Révolution cubaine.

Un groupe de «femmes révolutionnaires» a déjà effectué dans les champs quelques jours de travail volontaire en hommage au Commandante, et les omniprésents Comités de défense de la Révolution ont été mobilisés pour l'occasion.

Des concerts et des défilés de carnaval, notamment à La Havane, lui sont dédiés. Des prêtres de la santeria, religion afro-cubaine très pratiquée sur l'île, ont prévu de sacrifier des bêtes et de faire résonner leurs tambours sacrés un peu partout dans le pays afin de chasser la maladie du corps du leader communiste.

«Il y a deux ans, nous avions organisé un tel rituel pour la santé du Commandante et cela a fonctionné», assure Victor Betancourt, un babalao (prêtre) de la religion Yoruba.

Le Commandante doit également recevoir de nombreux cadeaux, dont un très sérieux DVD sur les diagnostics prénataux de cardiopathie ou, plus léger, des caricatures.

«C'est bien sûr l'anniversaire du Commandant, mais nous avons autres choses en tête, parce que la vie est encore difficile ici», dit Yolanda, 43 ans, interrogée sur un marché de La Havane.

«Il y a des gens qui veulent vivre toujours, mais tout a une fin, et Fidel a déjà joué son rôle», ajoute-t-elle.