Les principaux protagonistes des pourparlers sur un partage du pouvoir au Zimbabwe devaient reprendre lundi des discussions au sommet engagées la veille pour trouver une entente sur les points de litige, qu'ils ont interrompues après 13 heures de négociations.

«Nous n'avons pas encore fini mais nous prenons une pause», a déclaré dans la nuit le président Robert Mugabe aux journalistes qui attendaient l'issue des discussions, indiquant que les pourparlers reprendraient dans la journée de lundi.

«Il y a des obstacles comme dans toute négociation, mais je suis confiant que nous parviendrons à les surmonter», a-t-il ajouté, sans préciser les questions en suspens.

Il sortait de discussions-marathon avec le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai dans hôtel du centre de Harare, où les protagonistes étaient réunis depuis la fin de matinée dimanche avec le médiateur, le président sud-africain Thabo Mbeki.

La longueur de ces pourparlers, qui suivent près de trois semaines de travail des équipes de négociateurs, témoignent de la difficulté à trouver un accord qui permette de sortir le pays de la crise née de la défaite historique du régime aux élections générales du 29 mars.

Le chef d'une faction dissidante du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), Arthur Mutambara, participait lui aussi aux négociations.

Signe de l'optimisme qui règne toutefois, la salle de l'hôtel où les trois hommes s'étaient engagés, le 21 juillet, à négocier un gouvernement d'union, a été préparée dimanche pour une cérémonie.

«Nous devons tous prier», avait lancé le principal négociateur de l'opposition, le secrétaire général du MDC Tendai Biti, à son arrivée avec le chef du parti.

Le médiateur, arrivé samedi soir à Harare, avait été accueilli par son homologue zimbabwéen et les membres du tout-puissant Commandement opérationel conjoint, qui rassemble les chefs de l'armée, la police et les services secrets, sans lesquels aucun accord n'est envisageable.

Ce sont eux qui avaient convaincu le vieux chef de l'Etat, 84 ans dont 28 au pouvoir, de tout faire pour emporter le second tour de la présidentielle le 27 juin. De fait, M. Mugabe était seul en lice, son rival ayant jeté l'éponge face aux violences déchaînées contre ses partisans.

Les deux composantes du MDC avaient ravi le 29 mars la majorité à la Chambre des députés, tandis que M. Tsvangirai arrivait largement en tête du premier tour de la présidentielle.

Arguant de cette victoire, il exige le contrôle de l'exécutif. Mais le chef de l'Etat n'entend pas céder la présidence, qu'il pourrait conserver avec des fonctions honorifiques lui permettant de se retirer en héros de l'indépendance.

Selon des informations non confirmées de la presse sud-africaine, les négociations ont enregistré une avancée décisive en convenant d'une amnistie pour les responsables des massacres perpétrés au début des années 1980 contre la minorité Ndebele, dans le sud du pays, et pour ceux des violences orchestrées contre l'opposition.

Un accord aurait également été conclu sur la question de la terre, dont la redistribution à la majorité noire catalyse les tensions.

Le président Mugabe avait d'abord racheté les fermes détenues par les Blancs sur une base volontaire, aux termes des accords d'indépendance de 1979 avec la puissance coloniale britannique.

Mais les vétérans de la guerre ont lancé en 2000 une violente campagne d'occupation des terres, qui a débouché sur une réforme agraire précipitée. Quelque 4 000 fermiers blancs ont quitté le Zimbabwe, entraînant une chute brutale de la production agricole.

Le Zimbabwe est aujourd'hui enlisé dans une hyperinflation annuelle à plus de six chiffres, et la production industrielle est au point mort. Les denrées de base sont introuvables dans les magasins.