La publicité s'ouvre sur les images radieuses de Berlin, le jour où Barack Obama a prononcé un discours devant 200 000 personnes. Elle enchaîne avec des images de Britney Spears et de Paris Hilton, symboles de la fascination américaine pour les célébrités.

«Il est la plus grande célébrité du monde. Mais est-il prêt à guider?» dit une voix féminine pendant que les images défilent.

Intitulée Celeb (célébrité) et diffusée sur l'Internet depuis mercredi, la publicité est la plus récente manifestation du virage négatif et sarcastique de la campagne de John McCain. Elle a valu des critiques au sénateur de l'Arizona, mais elle a un objectif indéniable: présenter Barack Obama comme un candidat présomptueux, déconnecté, sous-qualifié.

L'image collera-t-elle? Se retournera-t-elle contre le prétendant républicain, qui avait promis de mener une campagne d'idées? Lors d'un discours en Iowa hier, Barack Obama a présenté sa réponse sur le ton de la déception: «Je dois demander à mon adversaire: n'avez-vous rien de mieux à offrir? Est-ce que l'élection porte vraiment sur ça? Est-ce que c'est digne du peuple américain?»

Le style de Karl Rove

De son côté, John McCain s'est dit fier de sa publicité, qui critique également la position de son adversaire sur la question des impôts et de l'énergie.

«Ces campagnes sont dures. Mais je suis fier de la campagne que nous menons», a dit le sénateur McCain lors d'un discours à Racine, au Wisconsin.

Depuis le début de la semaine, les pages éditoriales de plusieurs journaux, dont celles du New York Times, ont accusé John McCain de mener une campagne digne de Karl Rove, l'ancien stratège de George W. Bush, dont les tactiques ont suscité la controverse par le passé.

Le Washington Post a pour sa part publié un reportage accusant le camp McCain d'avoir diffusé une publicité mensongère sur Barack Obama au retour de sa tournée internationale. L'annonce affirmait faussement que le candidat démocrate avait décidé, lors de son passage en Allemagne, de ne pas rendre visite à des soldats américains blessés parce qu'il ne pouvait pas se faire accompagner par la presse.

Certains républicains ont exprimé des inquiétudes à propos du ton de la campagne de John McCain. John Weaver, un ancien stratège du sénateur républicain, a notamment qualifié d'«enfantine» l'annonce intitulée Célébrité. Cette pub porte la marque de Steve Schmidt, un disciple de Karl Rove, qui joue un rôle plus important dans la campagne républicaine depuis le début du mois de juillet.

Le camp républicain a donné un autre exemple de sa nouvelle agressivité hier en accusant Barack Obama de vouloir exploiter le facteur racial. Il réagissait à des propos tenus la veille au Missouri par le démocrate.

La «carte raciale»

«Personne ne croit que Bush et McCain ont une réponse sérieuse aux défis auxquels nous faisons face», avait déclaré le sénateur de l'Illinois. «Ils essaieront donc de vous faire peur à mon sujet. Ils diront: «Il n'est pas assez patriote, il a un drôle de nom. Il ne ressemble pas à tous les autres présidents sur les billets de dollars.» «

Le camp Obama a nié avoir voulu «jouer la carte raciale».