Le vieux «lion du Sénat» Edward Kennedy, icône de la gauche américaine, a fait vibrer lundi soir la convention démocrate réunie à Denver (Colorado) en apparaissant émouvant et pugnace devant les délégués.

«Mes chers démocrates, mes chers concitoyens, c'est tellement merveilleux d'être ici. Et rien, rien n'aurait pu m'empêcher d'être à cette réunion ce soir», a dit M. Kennedy sous les applaudissements de milliers de délégués debout.

Agé de 76 ans et souffrant d'un cancer au cerveau, M. Kennedy a électrisé la convention démocrate. Sa présence est restée incertaine jusqu'au dernier moment et quand le nom Edward Kennedy s'est affiché derrière le pupitre des orateurs, la foule a explosé de joie criant: «Kennedy, Kennedy».

Le sénateur du Massachusetts a appelé à voter pour Barack Obama et promis qu'il serait au Sénat en janvier prochain pour la prestation de serment du «président Obama».

«Remettons-nous au travail, l'espoir resurgit et le rêve se poursuit», a conclu le sénateur, montrant au passage qu'il restait capable de revigorer une foule et qu'il n'avait rien perdu de sa pugnacité.

Auparavant, sa nièce Caroline Kennedy, la fille du président assassiné John Kennedy, avait rendu hommage à son oncle associant le nom du candidat à la Maison Blanche Barack Obama à ceux des Kennedy.

«Je suis ici ce soir pour rendre hommage à deux hommes qui ont changé ma vie: Barack Obama et Edward Kennedy», a dit Caroline Kennedy.

«Leurs histoires sont très différentes mais ils partagent le même engagement pour l'éternel idéal américain de justice et d'équité, de défense du bien public et de sacrifice, de défense des valeurs et de la famille. Des dirigeants comme eux apparaissent rarement. Mais une ou deux fois par génération, ils sont là au moment où nous avons le plus besoin d'eux», a-t-elle ajouté.

«Je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui m'inspire de la façon dont les gens m'ont dit que mon père les stimulait, mais cette fois je l'ai rencontré, c'est Barack Obama», a dit Caroline Kennedy.

«Et je connais quelqu'un d'autre (dans ma famille) qui a été stimulé par dessus tout par le sénateur Obama. Dans notre famille, nous l'appelons tous Oncle Teddy (...) Depuis 46 ans, il a été bien plus qu'un simple sénateur du Massachusetts, il a été le sénateur de tous ceux qui croient dans un rêve qui ne s'éteindra jamais», a dit Mme Kennedy en parlant de son oncle Edward Kennedy.

Depuis son opération pour traiter son cancer, début juin, M. Kennedy n'avait effectué qu'une seule apparition publique pour se rendre au Sénat. Le sénateur du Massachusetts se soumet actuellement à une chimiothérapie et une radiothérapie.

Champion de la gauche, respecté jusque dans les rangs républicains, Ted Kennedy a été victime d'un accident cérébral en mai. Ses médecins ont diagnostiqué ensuite une tumeur maligne du cerveau.

Frère cadet de John Kennedy et de l'ancien ministre de la Justice Robert Kennedy, assassinés respectivement en 1963 et 1968, Edward Kennedy est l'un des élus les plus productifs du Sénat. Il est notamment un des champions de causes chères aux démocrates, comme le système de santé, les droits des travailleurs et la réforme de l'immigration.

En 1979, il s'était lancé dans une vaine course à la Maison Blanche, où il espérait remplacer le démocrate sortant Jimmy Carter.

Beaucoup estiment que ses ambitions présidentielles étaient en fait anéanties depuis un tragique accident de voiture en 1969, dans lequel sa passagère était morte noyée.

Les médecins n'ont pas émis de pronostic, mais selon l'Institut national américain du cancer, l'espérance de vie moyenne avec le genre de cancer qui frappe M. Kennedy va de quelques mois à cinq ans, selon le stade d'évolution de la tumeur. Mais le taux de survie s'est un peu amélioré au cours de la dernière décennie, grâce à de nouveaux médicaments.