Le dirigeant de l'opposition au Zimbabwe Morgan Tsvangirai, en visite jeudi à Dakar pour «solliciter les avis et conseils» du chef de l'État sénégalais, s'est déclaré «plutôt satisfait» des discussions sur le partage du pouvoir avec le président zimbabwéen Robert Mugabe.

«Je suis plutôt satisfait. Mais il y a, comme dans toutes négociations, des points d'achoppement qui ont besoin d'être éclaircis», a déclaré M. Tsvangirai devant la presse à l'issue d'une audience avec le président Abdoulaye Wade.

Le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a également estimé que le délai initial de deux semaines retenu pour les négociations pour définir une formule de partage du pouvoir n'était pas «inflexible».

Le président Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai se sont engagés le 21 juillet à négocier ce partage du pouvoir pour débloquer la situation au Zimbabwe, paralysé depuis la réélection controversée de M. Mugabe le 27 juin.

Ces discussions, qui se déroulent en Afrique du Sud, doivent reprendre dimanche après cinq jours de suspension.

«Deux semaines, cela peut sembler trop court, mais ce n'est pas inflexible. Je suis sûre que les facilitations vont ajuster en fonction des avancées faites», a-t-il affirmé.

Interrogé sur une éventuelle acceptation du poste de Premier ministre, Morgan Tsvangirai n'a pas souhaité donner de détails. Son poste sera déterminé selon l'accord obtenu à l'issue de ces négociations «détaillées», a-t-il dit.

Arrivé tôt jeudi à Dakar selon le gouvernement sénégalais, l'opposant zimbabwéen a expliqué avoir fait le point de la situation au président Wade.

Dans un entretien avec la chaîne britannique Channel Four, Morgan Tsvangirai s'est dit favorable à une «sortie honorable» pour le président Mugabe et à un gouvernement de transition ne durant pas plus de deux ans.

«Les rôles de Robert Mugabe et de Morgan Tsvangirai dans le gouvernement envisagé devront être négociés par les différentes parties», a-t-il déclaré dans cet entretien depuis Johannesbourg, diffusé mercredi soir.

«Je ne suis pas en position de définir ce que serait son rôle», a-t-il ajouté en référence au président Mugabe. «Ce que j'espère, c'est que ça ouvrirait pour lui une voie vers une sortie honorable».

M. Tsvangirai a par ailleurs affirmé jeudi que le président sud-africain Thabo Mbeki désirait étendre la médiation qu'il conduit dans la crise zimbabwéenne avec l'aide d'autres pays.

«Le président Mbeki a créé un groupe de réflexion qui doit élargir le niveau d'assistance dans la médiation au-delà de la seule Afrique du Sud», a assuré M. Tsvangirai, interrogé à Dakar sur les réticences qui lui sont prêtées vis-à-vis de la médiation du chef de l'État sud-africain.

Interrogé pour savoir si sa rencontre avec M. Wade pouvait être interprétée comme un vote de défiance à l'encontre de M. Mbeki, l'opposant zimbabwéen a répondu: «Loin de là, plus on est (dans le processus de médiation), mieux c'est».

«Il me semble que consulter le président Wade est un exercice utile», a-t-il dit, sans vouloir préciser si le chef de l'État sénégalais jouerait un rôle particulier dans cette éventuel élargissement de la médiation.

Ces derniers mois, le président Wade est intervenu à plusieurs reprises dans le dossier zimbabwéen, se prononçant notamment contre des sanctions visant le régime d'Harare et en faveur d'un partage du pouvoir.

M. Wade s'était rendu fin novembre 2007 à Harare pour rencontrer son homologue zimbabwéen afin de tenter d'apaiser les vives tensions entre le Zimbabwe et le Royaume-Uni qui perturbaient alors les préparatifs d'un sommet Europe-Afrique.