Sept Serbes bosniaques ont été condamnés mardi à des peines allant de 38 à 42 ans de prison pour leur implication dans le massacre de quelque 8000 Musulmans de Srebrenica en 1995, dans le cadre du premier procès pour génocide devant la justice bosniaque.

«Ces inculpés ont exécuté en pleine conscience des centaines d'hommes musulmans (...) avec l'objectif d'exterminer de manière permanente les habitants musulmans de Srebrenica», a déclaré le juge Hilmo Vucinic, lors de la lecture du verdict, devant le Tribunal bosniaque pour crimes de guerre.

Selon l'acte d'inculpation, ces hommes ont été accusés pour exécution de «plus de mille hommes musulmans» emprisonnés dans l'entrepôt d'une coopérative agricole à Kravica, près de Srebrenica (est).

Les sept hommes ont été condamnés à des peines allant de 38 à 42 ans de prison, a précisé le juge, ajoutant que quatre autres inculpés dans le même dossier ont été acquittés.

Les onze hommes, dont dix membres des forces spéciales de la police serbe bosniaque pendant la guerre de Bosnie (1992-1995) et un ancien militaire, ont tous été arrêtés en 2005.

Six des sept hommes condamnés ont été reconnus coupables de «génocide pour leur participation directe dans l'exécution» de victimes, a expliqué le juge Vucinic.

Le septième, Milos Stupar, 42 ans, commandant de l'unité dont les autres étaient membres, a été condamné pour ne pas avoir empêché l'exécution, ni puni ses auteurs, selon le juge.

Lors de leur arrestation, Stupar et trois autres co-inculpés étaient toujours membres de la police serbe bosniaque.

Après avoir participé à l'expulsion de quelque 25 000 femmes, enfants et vieillards musulmans de Srebrenica, ces hommes ont «conduit dans des autocars plus de mille hommes musulmans dans l'entrepôt de Kravica», selon l'acte d'accusation.

«La plupart» de ces prisonniers ont été exécutés le soir même dans l'entrepôt d'environ 400 mètres carrés «par des tirs de fusils automatiques et par des grenades à main».

Ces meurtres ont été perpétrés le 13 juillet 1995, deux jours après la prise de l'enclave musulmane, protégée par les Nations unies, par les forces serbes bosniaques.

Le massacre de quelque 8000 hommes et garçons musulmans, qui avait eu lieu en l'espace de quelques jours et qui avait été la pire tuerie commise en Europe depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, a été qualifiée en 2007 d'acte de génocide par la Cour internationale de justice (CIJ).

A ce jour, plus de 3200 victimes du massacre de Srebrenica ont été enterrées dans un mémorial situé près de la ville.

Treize ans après, le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a condamné, pour sa part, six des 19 inculpés pour ce massacre.

Considéré comme l'un des organisateurs de ce massacre, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été arrêté le 21 juillet à Belgrade.

Son bras droit à l'époque des faits, l'ex-chef militaire des forces serbes bosniaque, Ratko Mladic, reste le dernier fugitif du TPI recherché pour le massacre de Srebrenica. Il se trouverait en Serbie, selon des sources diplomatiques.

Le Tribunal bosniaque pour crimes de guerre a été inauguré en 2005 à Sarajevo dans le but d'alléger le travail du TPI, basé à La Haye. Le TPI devrait fermer ses portes en 2010, 17 ans après sa création par l'ONU.