Accusé de corruption, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a annoncé mercredi qu'il ne participerait pas à la primaire de son parti Kadima en septembre prochain et qu'il démissionnerait dès que son successeur à la tête de la formation sera choisi. Sa décision ouvre une période d'incertitude politique dans l'État hébreu et pourrait avoir des conséquences pour les négociations avec les Palestiniens et la Syrie.

Mis en cause dans plusieurs affaires de corruption et malmené dans les sondages, M. Olmert a déclaré lors d'une allocution télévisée qu'il ne se présentera pas à la primaire du 17 septembre et qu'il «libérera son poste» immédiatement après «afin de permettre au président (du parti) d'être élu et de former un nouveau gouvernement rapidement et efficacement».

M. Olmert, 62 ans, a toujours nié tout agissement malhonnête, promettant de démissionner s'il était inculpé. Mais l'annonce de mercredi était attendue, d'autant que son propre parti, où des voix avaient commencé à s'élever contre lui, avait décidé d'organiser la primaire en raison des allégations pesant sur son chef.

Dans son bref discours, le Premier ministre a dénoncé les enquêtes de police dont il fait l'objet pour des accusations de corruption. Il a affirmé placer le bien public au-dessus de la justice due à sa propre personne en annonçant sa démission prochaine.

«J'ai été forcé de me défendre contre des attaques implacables de 'combattants pour la justice» autoproclamés qui ont tenté de me déposer de mon poste, lorsque les fins justifiaient tous les moyens», a déclaré un Ehoud Olmert visiblement remonté en lisant un texte pré-rédigé. Il a ensuite refusé de répondre aux questions des journalistes rassemblés dans la cour de sa résidence officielle.

Il est accusé d'avoir reçu des sommes importantes de plusieurs donateurs dont un homme d'affaires américain, Morris Talansky, d'avoir surfacturé des déplacements professionnels au bénéfice de sa personne ou de ses proches, mais aussi d'être impliqué dans une transaction immobilière douteuse et d'avoir commis des nominations politiques discutables. Tous les faits sont antérieurs à son mandat de Premier ministre, qui a commencé en 2006.

Sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat de président de Kadima ouvre la voie à la désignation de son successeur, qui dans la configuration politique actuelle deviendrait Premier ministre, malgré le fait que le parti ne détient que 29 des 120 sièges du Parlement, la Knesset. La ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, surtout, et le ministre des Transports Shaoul Mofaz font office de favoris. Si Mme Livni l'emportait, elle deviendra la deuxième femme à diriger le gouvernement de l'Etat hébreu, après Golda Meir (1969-1974).

Si le successeur de M. Olmert parvient à former une coalition, le nouveau gouvernement pourrait voir le jour en octobre. Un échec à former un gouvernement ouvrirait une période électorale qui durerait plusieurs mois. Dans ce cas, M. Olmert serait placé par le président Shimon Pérès à la tête d'un gouvernement provisoire chargé des affaires courantes.

Mercredi, M. Olmert a promis d'oeuvrer pour la paix «tant que je suis à mon poste», a déclaré que les pourparlers engagés avec les Palestiniens et la Syrie son «plus proche que jamais» d'une issue heureuse. Mais l'incertitude qui suit l'annonce de la démission prochaine d'Ehoud Olmert pourrait constituer un obstacle à des accords sur ces deux fronts diplomatiques.

Le ministre des Affaires étrangères palestinien Riad Malki a estimé de son côté que la démission de M. Olmert ne changerait pas grand-chose. «Il est vrai qu'Olmert était enthousiaste quant au processus de paix, et il parlait de ce processus avec beaucoup d'attention, mais ce processus n'a enregistré aucun progrès ou percée», a-t-il déclaré, soulignant que l'Autorité palestinienne s'entretiendrait avec n'importe quel gouvernement israélien.

Finalement rattrapé par plusieurs affaires de corruption, l'ancien maire de Jérusalem (1993-2003), qui avait commencé sa carrière en champion de l'éthique politique, était arrivé à la tête du gouvernement en janvier 2006 dans la foulée de l'hémorragie cérébrale de son mentor, Ariel Sharon, dont il était le vice-Premier ministre depuis 2003.

Il mena ensuite Kadima, parti fondé par M. Sharon et d'autres transfuges du Likoud conservateur, à la victoire aux législatives de mars 2006. Mais dès l'été, il entraîna Israël dans la courte et sanglante guerre du Liban, qui a érodé immédiatement sa popularité.