Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé mercredi à l'unanimité de mettre fin à la Mission de l'ONU en Éthiopie et en Érythrée (Minuee), tout en exhortant les deux pays à s'abstenir d'avoir recours à la force.

Les 15 membres du Conseil ont adopté une résolution à l'initiative de la Belgique qui met fin au mandat de cette force de 1700 hommes, chargée de surveiller la frontière entre l'Éthiopie et l'Érythrée, objet d'un conflit entre les deux pays.

Le mandat de la Minuee arrive a expiration jeudi.

Le texte appelle également les deux rivaux de la Corne de l'Afrique à faire preuve d'un «maximum de retenue et à s'abstenir de toute menace ou recours à la force de l'un contre l'autre et à éviter les activités militaires provocatrices».

L'ambassadeur belge à l'ONU, Jan Grauls a estimé que la mission de la Minuee allait prendre fin «malheureusement, non pas parce que son mandat avait été exécuté, mais parce que son mandat était devenu impossible à exécuter».

Selon lui, seules Addis Ababa et Asmara «peuvent décider de sortir du cercle vicieux en mettant fin au jeu stérile des accusations mutuelles et en choisissant dans l'intérêt premier de leurs peuples et dans l'intérêt de la paix dans la Corne de l'Afrique la voie du dialogue».

Un autre diplomate occidental, sous couvert de l'anonymat, a insisté sur le fait que les «deux parties s'étaient mal conduites» et indiqué qu'une normalisation des relations entre l'Éthiopie et l'Érythrée était nécessaire avant une résolution du conflit.

«L'Érythrée a rendu impossible pour la force (de la Minuee) de poursuivre sa mission», a dit de son côté aux médias le chargé d'affaires français à l'ONU Jean-Pierre Lacroix, en ajoutant que le Conseil avait tenté en vain de trouver une façon de maintenir une présence internationale dans la zone.

La décision du Conseil de sécurité de l'ONU intervient en réponse à des obstructions imposées par l'Érythrée aux opérations de la Minuee et au refus de l'Éthiopie de reconnaître le tracé de la frontière établi par une commission indépendante, qui a attribué la région de Badme à l'Érythrée.

Aux termes d'un accord conclu en 2000 à Alger, qui avait mis fin à la guerre entre les deux pays, l'Éthiopie et l'Érythrée s'étaient engagées à accepter le tracé de la frontière qu'établirait une commission indépendante. Mais l'Ethiopie refuse de l'appliquer.

Au printemps dernier, le Conseil avait unanimement reproché à l'Érythrée d'avoir entravé les approvisionnements en carburant de la Minuee, forçant la mission à se retirer du pays.

La résolution 1827 insiste sur le fait que la fin de la mission de l'ONU n'influe pas sur «les obligations de l'Ethiopie et de l'Eryhtrée dans le cadre de l'accord d'Alger».

Une guerre frontalière a opposé les deux pays de 1998 à 2000, faisant environ 80 000 morts.